1856.02.25.Aux Messageries impériales.Paris

Origine : Copies de lettres à la presse n°79 - du 19 février 1856 au 17 mars 1856

Paris, le 25 février 1856
Messieurs les Administrateurs de la Compagnie des Messageries impériales
Paris

J'ai eu déjà l'honneur de vous exposer verbalement et par écrit, mais d'une manière vague encore, le mouvement d'affaires qui pourrait résulter de l'établissement accompli, à Grimsby, d'une société puissante de navigation à vapeur. II s'agit d'utiliser le retour sur lest des navires à hélice qui auront été verser des charbons dans nos ports de France, et de créer, soit vers le sud, soit vers le nord, un roulage maritime dans des conditions d'économie qui permettraient de concurrencer avec avantage toutes entreprises ayant le même but.
Depuis mes premières ouvertures, les choses ont avancé, et déjà des marchés de charbon m'assurent un retour sur lest à utiliser pour un tonnage considérable. Ainsi, j'ai traité pour 18.000 tonnes charbon à livrer à Dieppe ; 25 à 30.000 tonnes charbon à livrer à Bordeaux, et je suis en pourparlers pour 15 à 20.000 tonnes à livrer à Nantes.
Le premier navire doit arriver à Dieppe sous quinzaine de jours ; on pourrait donc immédiatement s'emparer de grandes parties des transports du Midi, de la Bretagne et du Centre, de Paris et du nord de la France, à destination de la Hollande, Hambourg, la Baltique et tout le nord de l'Europe - et plus tard, se retournant vers le Midi, s'assurer, des mêmes points de départ, un mouvement considérable de transport pour l'Algérie, la Méditerranée, le Levant, sauf à créer des navires d'une plus grande capacité. La Compagnie de Grimsby me pousse vivement dans cette voie et me presse de hâter la réalisation de ces projets.
Le désir d'abaisser toujours le prix de transport de mes charbons devait m'amener à trouver des combinaisons avec l'aide de la vapeur, mais, tout en cherchant à l'agrandir, je voudrais ne pas sortir de ma sphère de négociant en charbons, et, pour développer les combinaisons que je vous soumets, je voudrais, ou les remettre entre vos mains, ou ne les mettre à exécution que sous votre égide et avec votre appui.
Je prends donc la liberté, Messieurs, de vous demander si vous jugez convenable d'examiner sérieusement et prochainement mes ouvertures ; ce ne serait que sur un refus absolu de votre part que je chercherais ailleurs, et bien malgré moi, les moyens de réaliser des projets qui me paraissent avantageux et d'une exécution facile.
Les éléments de transport, à l'exportation de France, sont abondants, sans compter même leur base principale : les vins de Bordeaux et les vins de Champagne, et les hélices partant de nos trois ports principaux, offriraient au commerce en général cet avantage considérable de pouvoir enlever régulièrement et transporter à destination à jour fixe, les quantités petites ou fortes, sans perdre le temps de la cueillette. Arrivées à Grimsby, ces parties de marchandises compléteraient le chargement des lignes des vapeurs déjà existants au dit port pour Rotterdam, Hambourg, Copenhague, Pillau, Koenigsberg, Memel, Riga, Revel, Cronstadt, Saint-Pétersbourg, Gothembourg, Christiandsand et Christiana.
La Compagnie North of Europe Steam Navigation serait trop heureuse de nous prêter son concours, et nous pourrions ainsi assurer à nos produits français un transport régulier, économique, et fructueux pour nous.
Tout cela mérite un examen sérieux et approfondi. Je me mets à votre disposition pour vous soumettre et développer mes idées et les renseignements que j'ai pu me procurer. Il s'agit de coordonner le tout et votre expérience en pareilles matières saurait bientôt donner un corps à ces combinaisons seulement indiquées.
Je vous prie d'agréer, Messieurs, l'assurance de ma parfaite considération.

Hte Worms

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