1850.12.28.A de Richemond - chemin de fer d'Orléans à Bordeaux

Origine : Copie de lettres à la presse n°18 - du 6 décembre 1850 au 17 janvier 1850 -
page 281

Paris, le 28 décembre 1850
Monsieur de Richemond, administrateur directeur du chemin de fer d'Orléans à Bordeaux
Paris

Monsieur,
J'ai eu l'honneur de vous voir lundi dernier 23, pour une fourniture de charbon. Quand vous avez connu les prix offerts par moi, vous m'avez promis, sauf réflexion, 6.000 tonnes sur 12.000, et vous m'avez fixé un rendez-vous pour vendredi 27.
Vendredi au moment fixé, je suis venu. Après plus d'une heure d'attente, j'ai laissé mon représentant. Quand vous l'avez reçu, vos paroles n'étaient plus les mêmes, et des prix tels que les miens ne vous ont pas semblé sérieux.
II est vrai que, sur un mot de mon représentant, vous avez retiré l'expression quant à moi, mais, en dernière analyse, vous refusez ma fourniture, quoiqu'à un prix moindre que le prix auquel vous livre la Compagnie anglaise.
J'apprends ce résultat imprévu et je vous écris, non pour m'imposer à vous, malgré vous, comme votre fournisseur, mais parce que votre traité avec la Compagnie anglaise peut devenir la base d'autres traités avec les autres chemins de fer et votre refus à mes propositions peut me porter un très grave préjudice. De quoi s'agit-il enfin pour vous ? D'une fourniture de 12.000 tonnes de charbon. Je vous les offre à un prix inférieur à celui auquel vous livre la Compagnie anglaise. Vous voulez d'abord partager ; puis c'est moi, proposant le meilleur marché, que vous refusez.
Pourquoi ? Il ne vous semble pas possible que l'on vous donne à mon prix une aussi bonne qualité que celle livrée par les Anglais.
Voici ma réponse :
Je vous livrerai au prix de 33-50 le même charbon : le charbon qu'on appelle Rhondda-Valley Coal.
Mais, ajoutez-vous, si l'expérience n'est pas favorable à votre charbon, je ne retrouverai plus au prix anglais.
Je vous réponds : Les Compagnies des mines sont toujours désireuses de vendre et vous trouverez sans doute plus tard et à des prix peut-être plus favorables.
En tout cas, notre traité pouvait stipuler telle clause contre moi, que votre situation s'améliorât au lieu de se détériorer, et certes, ma solvabilité est notoire, et votre Compagnie elle-même reçoit, en attendant mieux, de ma Maison 40 à 50.000 F pour prix de transports annuels. Je suis d'ailleurs fournisseur de charbons sur divers points, pour l'Administration de la Marine qui n'est pas accommodante.
Enfin, Monsieur, souffrez que j'ajoute une observation : ma Maison est une maison française ; elle vous livre à meilleur prix que la Compagnie anglaise le même charbon ; comment, pourquoi préférez-vous, pour votre industrie toute française, les Anglais à moi ? Ma dignité, Monsieur, me commandait ces observations...
Vous n'avez pas pu comprendre mon offre ; je la réitère plus nettement, en vous déclarant que je vous livrerai au prix de 35-50 la même qualité de charbon que vous payez plus cher. Je ne comprends pas le refus que vous faites de cette offre, vous, Monsieur, chef d'une Compagnie importante, chargé d'une si honorable administration, et je me demande quelle raison plausible, quelle influence incroyable, peut vous déterminer à favoriser la Maison anglaise, non pas seulement aux dépens de mes intérêts, mais, ce qui doit vous toucher le plus, aux dépens des intérêts de votre Compagnie.
Recevez, Monsieur, mes sincères salutations.

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