1850.05.24.A MM. Mitchell Cadell et Cie.Leith

Origine : Copie de lettres à la presse n°13 - du 13 mai 1850 au 22 juin 1850 - page 320

Paris, le 24 mai 1850
Messieurs Mitchell Cadell & Cie
à Leith

J'ai reçu en son temps, Messieurs, votre lettre du 4 courant.
En effet, les charbons d'Écosse ne sont nullement connus sur nos divers marchés de France. Je veux croire qu'ils ont toutes les qualités que vous leur attribuez, mais nos consommateurs ont leurs habitudes qu'ils quittent difficilement. Il faut donc, si vous voulez leur faire accepter l'usage de vos charbons, les faire essayer et les offrir à bon marché.
Je vous seconderai avec plaisir dans ces tentatives, mais vous trouverez juste que je ne le fasse pas pour mon compte.
Voici ce que je vous propose :
Vous expédierez un chargement aussi petit que possible (4 à 6 keels) sur le Havre, au fret de 7 £ le keel, et un autre petit chargement sur Dieppe au fret de 6 £ le keel.
Ce charbon serait facturé par vos amis à 15/6 le chaldron valeur comptant.
Je solderai le fret à l'arrivée, mais je ne paierai la valeur du charbon que lorsque j'aurai vendu et si le prix de vente couvre, avec une commission pour moi, le prix stipulé de 15 sh. 6 le chaldron. Si le prix de vente est inférieur à 15 sh. 6, je tiendrai compte à vos amis de ce que j'aurai reçu sans commission pour moi.
Comme renseignement que je crois utile de vous donner, je vous dirai que dernièrement au Havre, on a reçu un petit chargement de charbon d'Écosse provenant des mines appartenant au duc de Portland et embarqué à Troon près de Glasgow. On dit : (je n'en sais rien par moi-même) ce charbon assez bon, et on le vend au moins 10% moins cher que ceux de Newcastle. Le prix de 15/6, dont je parle pour le vôtre, et le fret de £ 7 pour Le Havre, représente à peu près le prix de ce charbon de Troon au Havre, en laissant une commission au vendeur au Havre.
Si vous donnez suite à ma proposition, je vous engage dans l'intérêt de vos amis à ne charger que du beau charbon en gros morceaux et, le plus possible, exempt de menus et poussière. Il faut aussi que la mesure soit large et avantageuse.
Je viens maintenant à la question des plâtres.
Suivant vos désirs, j'ai fait partir le 13 courant 12 fûts contenant brut 3.620 kg de plâtre. Il faut déduire la tare les 12 fûts : 540 kg. Reste net 3.080 kg de plâtre fin cuit. Ces 12 fûts ont été chargés le 1er courant sur le navire Mayville, le tout conformément à vos indications.
A la première occasion, je vous donnerai la note de tous les frais, tant pour l'achat des fûts que pour la conduite de la carrière à la gare de Paris, et enfin pour le transport de cette gare à celle de Rouen. Je ne vous parlerai pas de la valeur de la marchandise, voulant, ainsi que je vous l'ai promis, prendre ma part dans l'essai que vous voulez faire.
Je ne vous parlerai pas de l'emploi de ce plâtre ; vous trouverez tous les renseignements nécessaires dans le livre que j'ai eu l'honneur de vous remettre pendant votre séjour à Paris. Seulement je vous prierai de ne pas perdre de temps et de faire répandre le plâtre aussitôt son arrivée. Je crains même que la saison ne soit trop avancée et que, pour cette raison, le plâtre, tout en produisant un effet sensible, ne paraisse pas surtout à vos yeux et aux yeux des personnes intéressées dans la réussite de cet essai, en avoir produit un assez grand pour arrêter votre conviction sur l'utilité incalculable de ce produit. Le moment favorable pour répandre le plâtre est celui où la feuille vient de paraître. Néanmoins, tirez parti de cette expédition en ayant le soin de mettre en ligne de compte les observations que je viens de vous soumettre et qui devront avoir une large part dans l'appréciation que vous aurez à faire du résultat obtenu.
J'oubliais de vous dire que vous devez répandre le plâtre avec certaines précautions. D'abord, il vous faut choisir une matinée un peu fraîche mais avec un temps calme, sans vent aucun. Ensuite, suivre le champ d'un bout à l'autre dans tous les sens et jeter à la main Ie plâtre, absolument comme l'on sème le blé.
Je vous serai très obligé de vouloir bien me faire connaître le résultat de cet essai, une fois que vous l'aurez obtenu.
Pour ce qui est des prix du plâtre, je puis vous livrer :
1° au port de Dieppe :

- le plâtre en pierre : 08F50, les mille kg.
- le plâtre fin cuit : 18F50, les mille kg
2° au port du Havre :

- le plâtre en pierre : 08F50, les mille kg.
- le plâtre fin cuit : 19F50, les mille kg
3° à Rouen :

- le plâtre en pierre : 08F50, les mille kg.
- le plâtre fin cuit : 18F50, les mille kg
Le tout rendu sur le quai de déchargement sans autres frais à ma charge. Pour le plâtre cuit fin, et dans le cas où vous croiriez que son emploi dans vos pays serait important, il vous faudrait, ou faire confectionner des toiles ou aviser à tout autre moyen qui me permît de vous livrer, car le mode d'expédition par fût serait trop coûteux pour vous. Du reste nous aurions à nous entendre à ce sujet si l'affaire vous promettait un bon débouché.
Veuillez agréez, Messieurs...

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