1961.12.20.De Worms CMC.Au ministre des finances

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Paris, le 20 décembre 1961,

Monsieur le ministre des finances
Direction des finances extérieures
Bureau des investissements
42 rue de Clichy
Paris 9ème

À l’attention de monsieur Jacques Desroy

Monsieur le ministre,
Projet de création d’une compagnie côtière franco-indienne en Inde.
Nous avons l'honneur de solliciter de votre dépar­tement l'autorisation de participer à la création d'une compagnie de navigation côtière indienne, dans les conditions suivantes :
Cette compagnie à responsabilité limitée de juri­diction indienne aurait un capital autorisé de 5 millions de roupies (environ 5 millions de nouveaux francs) ;
Elle prendrait le nom de "Rajkumar lines ltd" ;
Elle aurait son siège à Calcutta ;
Son but serait l’exploitation d'une ligne maritime le long des côtes de l'Inde et des pays adjacents (Pakistan et Birmanie) ;
Le premier capital appelé serait constitué par le prix d'achat d'un navire d'occasion, augmenté des premiers besoins de trésorerie (environ 250.000 roupies ou 250.000 NF).
Ce capital serait souscrit dans les proportions de :
- 75 % pour le groupe Rajkumar,
- 25 % pour Worms Cie maritime et charbonnière ;
Le nombre des administrateurs de chacun de ces groupes serait fixé, dans les mêmes proportions, avec un président indien.
Après de longues recherches sur le marché français, car nous aurions désiré trouver un navire français répondant aux caractéristiques nécessaires, nous nous sommes trouvés dans l'obligation de porter notre choix sur un navire danois, le m/s "Ruth Basse" de l'armement Basse de Copenhague.
Il serait livrable en février, et son prix est de 175.000 (2.400.000 nouveaux francs) qui doivent être versées à Londres.
À ce prix il y a lieu d'ajouter, comme indiqué ci-dessus, une somme de 250.000 roupies, ce qui porte le premier capital à souscrire à environ 2.650.000 nouveaux francs, soit pour notre part (25 %) 662.500 NF, montant que nous aurions à transférer en Inde aussitôt que l'achat du navire aura été conclu par les "Rajkumar lines ltd".
Nous comprenons cependant que le gouvernement indien n'autoriserait la sortie de devises nécessaires à cet achat qu’à raison de : 25 % à la conclusion du marché et ensuite en paiements échelonnés, d’égale valeur, sur 4 ou 5 ans.
Dans ces conditions, nous n’aurions à transférer en Inde que les 25 % de ces 25 % augmentés du quart de 250.000 NF (première trésorerie), soit approximativement 212.000 NF.
Nous espérons que les paiements échelonnés seraient, par la suite, couverts par les profits que nous retirerions nous-mêmes de l'exploitation de la ligne côtière dont il s'agit.
Si donc le paiement de l'achat du navire s'effec­tuait de cette manière, ce n'est qu'une somme de 212.000 NF que nous vous demandons, d'ores et déjà, de nous autoriser à transférer, étant donné que nous attendons, d'un moment à l'autre, l'accord définitif de nos éventuels associés indiens.
Nous vous précisons, à ce sujet, que notre Compagnie ne possède pas de compte EFAC.
Nous avons été amenés à étudier cette affaire à la demande de monsieur Khemchand Rajkumar, 33 Netaji Subhas Road, à Calcutta, importateur/exportateur de fers et aciers, qui contrôle plusieurs sociétés industrielles en Inde.
Il nous a exposé, lors de sa venue à Paris, qu’à l'heure actuelle, le gouvernement indien encourage au maximum le développement des services côtiers, car l'état des routes, des chemins de fer et la navigation fluviale et maritime, ne permet pas la circulation et la distribution normale, notamment au départ de Calcutta, des produits minéraliers, sidérurgiques et agricoles dont la production ne cesse d'augmenter.
Comme suite, deux de nos principaux collaborateurs se sont rendus en Inde et ils en ont rapporté l'impression :
1°) qu'en effet, la création d'une nouvelle compagnie de navigation côtière répondait à un réel besoin ;
2°) que sa rentabilité, sur les bases étudiées, serait bonne, notamment si au début, comme il a été convenu, elle recevait notre aide technique ;
3°) que monsieur Khemchand Rajkumar disposait de moyens financiers suffisants et que sa réputation était excellente.
Nos représentants ont, d'autre part, eu un entre­tien avec le directeur général de la marine marchande indienne, monsieur Najendra Singh, qui les a vivement encou­ragés à poursuivre la réalisation du projet, ajoutant qu'il était très heureux de constater qu'une Maison française soit la première à s'intéresser à ce genre de collaboration.
À notre avis d'ailleurs, cette collaboration pourrait, dans l'avenir, amener d'autres affaires dont profi­teraient l'industrie et le commerce français.
En conséquence, nous voulons espérer que vous voudrez bien nous autoriser, dès que possible, à participer à la création de cette nouvelle compagnie indienne, dans les conditions ci-dessus exposées, afin que nous puissions éventuellement donner notre accord pour l'achat du navire, et produire votre autorisation dans les premiers jours du mois de janvier prochain.
Veuillez agréer, monsieur le ministre, l'assurance de notre très haute considération.

Le directeur général des services maritimes
Signé E. Hallé

 

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