1920.04.15.Des Établissements Sainrapt & Brice.A Worms & Cie.Note

Le PDF est consultable à la fin du texte.

Établissements Sainrapt & Brice

Paris, le 15 avril 1920
Messieurs Worms & Cie

Messieurs,
Nous vous confirmons, comme nous l’avons déjà fait oralement sur les chantiers du Trait, l’accusé de réception de votre lettre recommandée du 8 ct.
N’ayant pas à intervenir dans les raisons d’ordre général qui ont déterminé votre décision de fermer complètement vos chantiers navals et nos entreprises s’y rattachant, nous regrettons que cette décision se produise au moment où notre chantier était en pleine activité et où nous étions en mesure d’assurer la terminaison des travaux en cours, dans un très bref délai.
Il résulte en effet des entrevues que nous avons eues avec les délégués du syndicat et les ouvriers, notamment les 10 12, 13 et 14 ct, que ceux-ci étaient finalement décidés et s’engageaient à reprendre le travail de suite sur les bases anciennes étant entendu que par la suite on les réglerait sur les tarifs de Rouen, que vous-mêmes vous nous aviez proposés. Nous étions donc en mesure d’assurer la reprise du travail et la marche normale du chantier, déchargement des wagons et de nos bateaux compris.
Nous prenons acte de la proposition orale que vous nous avez faite de régler aux échéances convenues nos états de situations comme par le passé.
Vous avez offert à M. Ligonnet, notre représentant, de démonter, de remettre en bon état et d’expédier par vos soins le gros et petit matériel nous appartenant. Il nous paraît contre l'usage qu’un client, quel qu’il soit, exécute ce travail pour son entrepreneur. Nous désirons y procéder par nous-mêmes, par nos hommes et sous notre direction. De plus, ce matériel ne doit être mis en service que par nous.
Nous avons appris avec surprise que vous en avez mis vous-mêmes une partie en service sans nous consulter.
Nous vous informons que conformément à votre lettre et sous votre responsabilité nous licencions immédiatement notre personnel, à l’exception des ouvriers, gardiens et chefs, que nous jugerons nécessaires pour la surveillance, le démontage, le remise en état et l’expédition de notre matériel que nous évacuerons dès que les circonstances le permettront. Nous vous donnerons noms et prénoms de ces ouvriers, gardiens et chefs auxquels vous voudrez bien délivrer une carte permettant l’entrée de l’usine.
Il est de notre devoir d’appeler votre attention sur la situation des travaux interrompus et sur les événements de nature à les compromettre, ainsi que les matériaux périssables entreposés notre responsabilité ayant pris fin à ce sujet.
Nous attirons également votre attention sur les questions suivantes :
1 - Le règlement des fournisseurs avec lesquels nous avons des marchés, et les dommages de résiliation qu’ils peuvent demander.
2 - Des matériaux peuvent encore arriver, dont la réception nous incombe.
3 - Des ouvriers qui n’ont jamais cessé de travailler sont néanmoins brusquement congédiés.
4 - Nous avons consenti à notre personnel, tant ouvrier que de bureau et de direction, des promesses que nous ne pouvons plus tenir ; de plus une partie de ceux-ci sont logés dans des locaux vous appartenant, avec ou sans jardins, une autre partie est logée on dehors du Trait, dans des locaux loués par nous avec des baux.
5 - Une cantine a été ouverte, dont les frais d’installation ne sont pas encore amortis.
Que devons nous faire à ce sujet ?
En outre, si pour la partie des travaux en cours brusquement arrêtés et dont nous estimons la valeur d’achèvement à 3 000 000 de F environ, nous pouvions, en vue d’un accord général de résiliation, envisager l’abandon de nos prétentions à indemnité, nous vous informons que par suite des retards que subissent les négociations de votre fait, nous réservons tous nos droits au sujet de toute décision à prendre par vous-mêmes au cas où pour une cause quelconque ces travaux seraient repris par d’autres que nous.
Nous adressons par le même courrier une copie de la présente recommandée à votre siège social et vous prions d’agréer, Messieurs, nos très sincères salutations.

L’administrateur délégué
[Signé :] J. Sainrapt

Retour aux archives de 1920