1939.12.11.De M. Privett, General Steam Navigation Cy Ltd.A M. Emo.Courrier

Copie de lettre

Le PDF est consultable à la fin du document.

Nom et adresse de l'expéditeur :
Monsieur Privett
The General Steam Navigation Company Ltd., Londres

Londres, le 11 décembre 1939
Par avion - By Air Mail
M. Émo
Direction générale des Services maritimes
Maison Worms & Cie - Le Havre

Cher Monsieur Émo,
Comme suite à ma lettre du 9 courant et à la vôtre du 30 novembre dernier, il vous intéressera certainement d'avoir le détail des navires que nous avons chargés de Bordeaux à Londres depuis le début de la guerre :

mv "Stork"

environ 2.500 m3 de capacité

11/10/39 de Bordeaux

mv "Crane"

environ 2.530 m3 de capacité

19/10/39 de Bordeaux

ss "Starling"

environ 3.450 m3 de capacité

31/10/39 de Bordeaux

mv "Stork"

environ 2.500 m3 de capacité

7/11/39 de Bordeaux

mv"Crane"

environ 2.530 m3 de capacité

18/11/39 de Bordeaux

ss "Lapwing"

environ 3.100 m3 de capacité

22/11/39 de Bordeaux

ss "Starling"

environ 3.450 m3 de capacité

26/11/39 de Bordeaux

Le mv "Crane" doit actuellement être de retour à Bordeaux pour charger, et sera suivi presqu'immédiatement par le ss "Groningen" (3.060 m3 environ).
Pendant les premières semaines de la guerre, il n'y avait pour ainsi dire aucune marchandise disponible pour chargement, par suite des difficultés de transport intérieur, des restrictions sur les exportations, etc. Ceci vous expliquera pourquoi nous n'avons eu aucun départ pendant le mois de septembre, à part le ss "Lapwing" qui avait quitté Bordeaux la veille du 3 septembre.
Compte tenu de toutes les difficultés que la navigation de commerce doit maintenant surmonter, il nous semble que la General Steam a offert aux chargeurs de marchandises diverses un service particulièrement bien organisé, et nous n'avons reçu aucune réclamation sérieuse et fondée.
Même avant la guerre, des affrètements de "tramps" avaient été conclus de temps à autres pour les chargements complets de planches de bois, traverses de chemin de fer, etc., et nous croyons savoir que cet état de choses persiste même depuis la guerre.
Pour revenir à la question des marchandises diverses, vous serait-il possible de me fournir quelques détails quant à la dénomination des marchandises dont, d'après les propositions qui vous ont été faites, nous n'aurions pas pu assurer le chargement dans un délai raisonnable.
Quant aux possibilités d'une coopération plus étroite entre nos deux armements, je pense qu'il vous intéressera de lire la traduction d'une lettre que j'ai adressée en date du 18 septembre dernier à la Chamber of Shipping of the United Kingdom. Vous pourrez ainsi vous rendre compte que l'idée d'une coopération plus étendue entre les armements français et anglais, pendant la guerre, fut déjà à ce moment-là présente à mon esprit, sous condition que les intérêts établis des différents armateurs soient fidèlement respectés en ce qui concerne leurs services réguliers. Ainsi, dans la dite lettre, je précisais :
« Malgré le besoin national, certains armateurs français intéressés à la question pourraient envisager avec une certaine hésitation la proposition actuellement soumise, et dans ce cas je proposerais de laisser à l'armateur français, agréé par son gouvernement, le droit de s'occuper des marchandises françaises chargées en cabotage national par navire anglais, en agissant, bien entendu, d'accord avec l'agent attitré de l'armateur anglais.
Ma proposition émane uniquement de mon ardent désir de soumettre toute proposition susceptible d'aider à conserver les ressources alliées, et ne comprend, bien entendu, aucune intention d'essayer de créer des précédents lorsque la paix nous sera rendue. »
En ce qui vous concerne, cher Monsieur Émo, vous avez déjà fourni des preuves de votre bonne volonté envers ma compagnie et envers notre armement associé, la Moss Hutchison Line Ltd.
Si le service que nous offrons aux chargeurs bordelais est reconnu réellement insuffisant, nous serions à notre tour très heureux d'accepter votre coopération pendant la durée des difficultés actuelles. Ceci, en cas de besoin, pourrait être sur des bases à convenir, et à ce sujet je suis certain que nous ne rencontrerons aucune difficulté.
Comme vous le savez déjà, nous sommes intéressés également dans des services entre d'autres ports français et Londres, notamment Le Havre, Boulogne et Dunkerque, et ici aussi nous pensons que nous pourrions éventuellement envisager une coopération au mieux de nos intérêts mutuels, et aussi dans l'intérêt national de nos deux pays.
Parmi les nombreux problèmes auxquels nous devons faire face actuellement, l'absence quasi totale de marchandises à l'exportation au départ de Londres, surtout pour Bordeaux, n'en est pas le moindre.
Je vous serais infiniment reconnaissant de vouloir bien étudier la chose en tenant compte de tout ce qui précède, et de me faire part de vos impressions en temps voulu.
Entre temps je vous prie de croire, cher Monsieur Émo, en mes meilleurs sentiments.

 


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