1917.01.05.De Worms et Cie Port-Saïd

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Worms & Cie

Port-Saïd (Égypte)
Le 5 janvier 1917
Messieurs Worms & Cie - Paris

Messieurs,
Renchérissement de la vie à Port-Saïd. Les effets économiques de la guerre se font de plus en plus sentir chez nous, et malgré une tarification des vivres, assez mal comprise d'ailleurs, tous les articles d'alimentation, aussi bien ceux importés que les produits indigènes, ont subi une énorme augmentation qui va toujours en s'accroissant. La farine, le pain, la viande, les légumes, les oeufs, le riz, se paient actuellement de 30 à 40% plus cher qu'il y a quelques mois, et la pomme de terre qui valait une petite piastre le kilo avant la guerre, se détaille aujourd'hui à des prix qui ont varié de 0 F 50 à 1 F 30 le kilo suivant l'importance des arrivages. Les petites bourses souffrent tout particulièrement de cette situation, et nos ouvriers indigènes viennent de nous adresser une pétition, demandant une augmentation générale de leurs salaires. Après avoir très sérieusement approfondi la question, nous sommes arrivés à la conclusion qu'il convient de faire quelque chose pour tous ceux de nos salariés, la plupart indigènes, gagnant moins de 150 francs par mois, et nous vous prions de vouloir bien nous autoriser à allouer à cette catégorie de serviteurs une indemnité de cherté de vivres que nous nous proposons de fixer à 10 francs par mois. Ceux de nos ouvriers, matelots, canotiers et garçons de bureau qui seraient ainsi appelés à bénéficier de cette mesure de bienveillance, ont des salaires journaliers ou mensuels correspondant à des sommes variant de 60 à 135 francs par mois, et dans le cas des mieux rétribués, l'indemnité mensuelle de 10 francs (qui leur sera payée séparément) leur permettrait d'établir leur budget mensuel sur un maximum de 145 francs. Cette catégorie de salariés - beaucoup d'entre eux sont de très anciens serviteurs de la Maison - se décompose comme suit :
- à Port-Saïd :
Atelier : 26
Chantier : 24
Garçons de bureau et canotiers : 8
Électricité : 5
Marchandises : 4
Total : 67
- à Port Tewfik : 14
En tout (SE ou O) : 81
Cette mesure grèverait ainsi notre budget annuel de F 10 x 12 x 81 = F 9.720. Nous aimerions pouvoir la mettre en vigueur à commencer du mois en cours, et nous vous serons reconnaissants de vouloir bien nous télégraphier votre autorisation. Bien entendu, nous ferons comprendre à tous les bénéficiaires que l'indemnité mensuelle de cherté de vivres n'est qu'une mesure temporaire résultant de l'état de guerre et qu'elle pourra être modifiée ou supprimée dès que nous le jugerons à propos.
Veuillez agréer, Messieurs, nos bien sincères salutations.

[Signature illisible]


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