1917.03.24.De Worms et Cie Le Havre.A Schneider et Cie

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Worms & Cie

Le Havre, le 24 mars 1917
MM. Schneider & Cie
42, rue d'Anjou
Paris (8e)

Messieurs,
Nous avons l'honneur de vous accuser réception de votre télégramme d'hier soir, ouvert dans la seconde partie de la matinée, disant :
"Attirons votre attention sur gravité situation dans laquelle  avez mis usines par vos retards considérables, insistons pour que preniez urgence mesures pour éviter arrêt dont conséquence serait déplorable, regrettons pas avoir vu Frémont que prions agir urgence, pourriez peut-être demander à service Flotte ministère vous donner en remplacement "Acadien" un autre bateau prêt à partir immédiatement."
Ne pouvant vous téléphoner, et craignant qu'une réponse télégraphique ne vous parvienne que demain, nous avons pris la liberté de prier vos usines du Havre de se charger de vous téléphoner le message suivant, que nous vous confirmons :
"Regrettons voir situation grave dans laquelle se trouvent usines Harfleur, mais nous permettons vous faire observer que ne pouvons être tenus responsables dette situation, car vous savez comme nous que ne sommes plus libres d'affréter, soit au voyage, soit en time-charter, et que même lorsque trouvons vapeur il nous est quelquefois enlevé comme cela vient de se produire Newcastle. Sommes donc absolument à la merci Commission française et comité local, c'est pourquoi vous avons déjà demandé diverses reprises user de votre influence pour nous faire obtenir vapeur qui vous serait entièrement destiné. Frémont ira vous voir commencement semaine prochaine, en attendant chargeons aujourd'hui péniche 300 tonnes gros charbon arrivée "Bidassoa".
et avons espoir apprendre affrètement vapeur chargeant Newcastle prochainement, sur lequel vous réserverons deux péniches, mais insistons encore une fois fassiez démarches afin obtenir vapeur prompt que chargerions entièrement pour vous.
Nous sommes surpris de vous voir nous faire grief d'une situation qu'il n'a ?as dépendu de nous d'éviter, et si, comme nous le pensons, les démarches et les efforts que vous avez faits pour nous faire appliquer du tonnage n'ont pas jusqu'alors abouti, alors que vous devez être mieux écoutés que qui que ce soit, comment voulez-vous que nous ayons pu mieux réussir à nous faire entendre.
Vous savez que depuis l'application des deux vapeurs "Tunisie" et "Acadian" qui ne pouvaient être d'aucun secours puisqu'i' fallait agir vite, les choses se sont encore compliquées du fait que les exportateurs ne sont plus libres d'affréter au voyage ou en time-charter, et d'ailleurs, quelques jours avant l'application de ces nouvelles mesures, un navire de 2.400 tonnes que notre Maison s'était assuré pour nous apporter une cargaison de Lambton que nous vous destinions en majeure partie, lui a été retiré. D'autre part un navire danois, également affrété ne s'est jamais présenté pour exécuter sa charte-partie.
Comme dit dans notre message, nous sommes donc à la merci de la Commission française, et du comité local, qui malgré les efforts réitérés de notre siège social et de notre succursale de Newcastle ne font pas droit à notre requête.
Comme nous avions l'honneur de vous l'exposer dans nos lignes 15 ct, il ne serait pas juste de prétendre que notre retard est considérable, attendu que c'est absolument relatif, puisque c'est parce que nous vous avons fourni intégralement toutes les quantités des trimestres précédents au début du trimestre actuel - et cela parce que nous avions le désir de rencontrer vos préférences - que l'arriéré est aujourd'hui aussi important ; il ne faut pas perdre de vue qu'en apurant les marchés précédents nous empiétions sur les licences du 1er trimestre, et malgré tout le bon vouloir on ne peut toujours mettre les bouchées doubles.
En nous reportant à notre dernier entretien, nous voyons que vous aviez encore des quantités à recevoir d'un autre fournisseur, ne vous sont-elles pas annoncées ?
La présence ici de l'écrivain est forcément de plus en plus nécessaire ; étant donné que nous sommes en communication fréquente avec vos usines du Havre qui, à leur tour, communiquent chaque jour avec vous, et que malheureusement nous n'avions rien d'autre à vous dire, sa visite à Paris lui semblait pouvoir être différée, il prend néanmoins ses dispositions pour aller vous voir mardi, probablement dans l'après-midi.
Comme annoncé à vos usines du Havre par nos lignes 22 ct, nous chargeons aujourd'hui sur la péniche "Neo", en transbordement du petit vapeur "Bidassoa" arrivé à midi, environ 300 tonnes de charbon tout venant gras du Pays de Galles, en pressant la Maison Quertier de monter cette péniche sur Harfleur dès lundi prochain, et nous avons de notre siège social l'avis que nous pouvons avoir l'espoir d'apprendre prochainement l'affrètement d'un vapeur qui chargerait promptement à Newcastle ; le Bureau interalliée a donné son acquiescement, cependant l'autorisation du Comité local n'est pas encore accordée.
Si nous avons ce chargement nous vous appliquerions deux péniches pour attendre "Acadian" ou encore d'autres plus promptes si le Bureau des charbons, comme nous en avons l'espoir, nous donne quelque chose de plus rapproché.
Tout cela n'est pas suffisant, c'est pourquoi nous insistons encore, et de la manière la plus pressante, pour que vous exposiez vos légitimes inquiétudes au Bureau des charbons, afin que des instructions soient données de nous appliquer immédiatement un navire prêt à partir, que nous chargerions entièrement pour vous.
Veuillez agréer, Messieurs, l'assurance de notre considération distinguée.


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