1917.11.14.De Worms et Cie Le Havre.A Veuve Hottat et Fils

Messieurs Veuve Hottat & Fils
Paris

Messieurs,
Nous recevons votre lettre du 12 courant.
Nous allons y répondre point par point.
En nous écrivant : "Si vous avez assumé la charge de concentrer les demandes de fourniture de l'essence nécessaire à vos besoins et aux nôtres, ce fut sur votre proposition et point sur la nôtre." Vous travestissez la vérité. En réalité, dans cette circonstance comme en bien d'autres, nous vous avons, par pure complaisance, prêté notre appui pour vous aider à obtenir des facilités, ce à quoi nous n'étions nullement obligés et il vous suffira, pour vous en convaincre, de relire le cahier des charges et le marché. Nous n'avons pas assumé une charge, mais nous vous avons obligeamment prêté notre concours, ce qui n'est pas du tout la même chose.
Vous trouverez que dans notre réponse nous nous bornons "en termes généraux" à décliner toute responsabilité à cet égard. Si vous relisez notre lettre du 8, vous verrez que nous vous avons écrit dans le premier paragraphes : "Nous n'admettons aucune de vos réserves et protestons énergiquement sur son contenu" et in fine : "Nous repoussons toute responsabilité", que vous faut-il de plus ?
Sur quoi vous basez vous pour dire que nos prélèvements ont été injustifiables, cette insinuation est aussi fantaisiste que celle que vous énonciez le 7 novembre en nous écrivant que l'essence nous est délivrée, à titre exceptionnel, par l'autorité compétente, sur notre déclaration ou cependant les camions automobiles que vous utilisez sont seuls pris en considération. Cela est faux.
Il nous a été jusqu'à ce jour fourni de l'essence, en conformité de votre demande, pour assurer le service de nos voitures automobiles destinées notamment au transport de notre personnel de Duclair au Trait et vice versa, de notre canot automobile qui tractionne nos bois et nos chalands en rivière et enfin pour vos camions, et votre audace est grande de prétendre, en cette circonstance, vous instituer juges de la quantité que nous pouvions prélever sur des bons émis à notre profit.
Vous voudriez conclure de ce que vous qualifiez "notre silence" que nous sommes d'accord sur les responsabilités précises découlant de vos affirmations inexactes. Cela est de la pure extravagance et nous ne pouvons raisonnablement pas nous y arrêter.
Ceci dit, veuillez noter qu'à dater de ce jour vous aurez, chaque fois que vous nous formulerez une demande quelconque, à préciser en vertu de quel paragraphe du cahier des charges ou du marché, vous le faites, car pour notre part, nous sommes fermement résolus à nous en tenir strictement aux termes du contrat intervenu entre nous.
Et, comme première conséquence de cette décision, nous informons aujourd'hui les autorités que nos demandes d'essence s'appliqueront à nos seuls besoins.


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