1939.10.30.De Gabriel Le Roy Ladurie.Amsterdam.A Georges F. Doriot.Boston

Copie de lettre

Le PDF est consultable à la fin du texte. 

Amsterdam, le 30 octobre 1939

Mon cher Georges,
Tu imagines volontiers la grande responsabilité et les difficultés considérables auxquelles nous avons eu à faire face dans les circonstances présentes. Nous désirons donc mettre tous nos intérêts étrangers complètement en ordre. Mon voyage de quelques heures aujourd'hui à Amsterdam m'a permis de régler la question hollandaise : nous désirons, après avoir longuement parlé, Jacques et moi, que tu fasses le nécessaire pour les affaires canadiennes.
Pour ce qui concerne Canopa, il n'y a aucune difficulté nous resterons effectivement les actionnaires minoritaires que nous sommes. Par contre, nous avons pris la décision irrévocable de te laisser la propriété entière des actions Parimontal, puisqu'aussi bien cette compagnie est ton œuvre, et que les événements actuels nous mettent dans l'impossibilité de lui apporter le concours nécessaire pour veiller à son développement normal. Dès le reçu de cette lettre tu devras donc te considérer comme le propriétaire définitif de ces titres.
La suggestion que nous croyons devoir te faire, et qui a notre entier agrément, ce serait que tu envisages, de façon à rendre impossible tout malentendu, la fusion de Patrimonial avec Canopa. Tu es seul juge des conditions et des modalités de cette fusion qui, me semble-t-il, ne pourra être que très agréable à Ludi. Les conditions de cette fusion te regardent seul, puisque tu as seul les éléments d'appréciation des valeurs respectives des deux sociétés.
Tu te rappelles certainement que Parimontal n'avait été créé que parce qu'à l'époque il y avait encore quelques incertitudes quant au développement de Canopa. Tout ce que nous savons par toi et par ailleurs de la bonne marche de cette compagnie fait disparaître les objections qui avaient pu exister à cette époque.
Si cette fusion était impossible, ce que je regretterais, tu pourrais envisager la liquidation de Parimontal par apport de son fonds de commerce à Canopa. De toute façon, il faut, dans les prochaines semaines que cette compagnie, à laquelle le nom de notre maison avait pu être temporairement attaché, cesse sa brève existence.
Est-il besoin de te dire que seule la fraternelle affection qui nous unit à toi permet de te demander ce surcroît de travail, qui fait qu'à partir d'aujourd'hui tu as seul la responsabilité de l'affaire de Parimontal et que tu ne dois plus ni nous consulter ni nous rendre compte.
Tu nous avais souvent parlé l'année dernière de tes intentions de créer avec quelques amis à Boston une compagnie américaine. Les objections que nous avons faites à l'époque nous paraissent entièrement disparues et il me semble même que la création de cette société ne pourra que faciliter ton action.
Si pour réaliser ce projet il t'était agréable d'avoir certains concours, je suis persuadé que des amis suisses ou hollandais qui nous ont souvent offert leur appui, reporteraient très volontiers sur toi la confiance qu'ils ont en nous. Tu pourrais donc, si nécessaire, nous faire savoir par l'intermédiaire d'Imafiza, le moment venu, l'ordre de grandeur des capitaux dont le concours te serait agréable.
Autre question : Imafiza informera Parimontal qu'il tient à ta disposition une somme de $ 17.130.-
Ils sont à joindre à un certain nombre de titres que tu as dû recevoir il y a quelques temps. Ces fonds et ces titres représentent les capitaux que tu nous avais confiés à Jacques, à Raymond et à moi il y a deux ans.
Tu comprends que dans les circonstances actuelles nous voulons une séparation complète des intérêts, et que reprenne la gestion complète et définitive de ce qui t'appartient.
Pour ce qui concerne Ies rapports Imafiza-Parimontal, il faut qu'à tout moment tu sois prêt à prendre l'initiative, sur la simple lecture des journaux, du transfert des droits d'Imafiza sur le nom de Fininvest, ce qui ne peut pas comporter de difficultés puisque maintenant tu as tous les pouvoirs, puisque Genève t'a inscrit parmi les administrateurs de Fininvest ayant procuration.
Si jamais tu réalises ton projet de compagnie à Boston, tu devras être à tout moment prêt à substituer la nouvelle compagnie à Fininvest.

[Rajout manuscrit :] Tout ceci étant ainsi réglé W. travaillera en toute tranquillité avec [Canopa] et je suis sûr qu'il y aura beaucoup à faire dans le domaine commercial : j'ai vu avec plaisir la création de la compagnie avec [Erlanqer] dans cet ordre d'idées.
J'espère que tout ce qui précède te fera comprendre clairement notre politique actuelle. Dans le doute que l'on s'abstienne en tout cas de nous interroger par télégramme ou lettre. Je t'embrasse en toute affection ainsi qu'[Emma].

Gabriel


Retour aux archives de 1939