1874.01.00.Au ministre des Affaires étrangères.Le Havre

Havre, janvier 1874
A son Excellence, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères

Monsieur le Ministre,
Nous prenons la liberté de nous adresser à vous pour soumettre les faits suivants à votre bienveillante considération et appeler votre sérieuse attention sur le préjudice dont nous sommes en ce moment menacés et, avec nous, probablement une partie de la Marine française.
Propriétaires d'une ligne de bateaux à vapeur armés au port du Havre et naviguant entre Bordeaux, le Havre et Hambourg et vice-versa, nous n'avions jusqu'à présent acquitté à la chancellerie du Consulat général de France à Hambourg que les droits auxquels sont soumis les navires appartenant à des lignes régulières, mais, à la date du 7 janvier courant, Monsieur le gérant du Consulat général a prévenu notre correspondant à Hambourg par une lettre, dont je vous remets copie sous ce pli, que nos vapeurs seraient soumis à l'avenir, tous indistinctement, au droit d'expédition porté à l'article 21 du tarif des chancelleries consulaires, qu'en d'autres termes ils seraient considérés comme ne faisant pas un service régulier.
C'est contre cette décision qui, du reste, d'après Monsieur le gérant du Consulat général lui-même, n'aura de caractère définitif qu'après qu'elle aura reçu votre sanction, que je me permets aujourd'hui d'en appeler à votre Excellence en lui exposant ce qui suit.
Depuis plus de quinze ans que notre ligne existe, nous avons chaque semaine au moins un départ de Hambourg pour le Havre et Bordeaux, et de Bordeaux et le Havre pour Hambourg, nous croyons pouvoir affirmer qu'il n'existe pas en France de Compagnie ayant un service plus régulier que le nôtre, et à l'appui de notre dire, nous avons l'honneur de vous soumettre une déclaration que Monsieur le président de la Chambre de commerce de notre ville nous a adressée à la date du 16 janvier courant en réponse à notre demande du 15 du même mois.
Astreindre à des droits excessifs une ligne comme la nôtre, tout aussi régulière que celles des compagnies subventionnées, et qui par cela même qu'elle ne l'est pas, mérite d'autant plus, croyons-nous, la bienveillance du gouvernement serait une mesure peu équitable, sans parler du préjudice considérable dont elle serait la cause pour nos intérêts. Aussi osons-nous espérer, Monsieur le ministre, que vous voudrez bien prendre notre demande en considération et refuser votre sanction à la mesure nouvelle dont Monsieur le gérant du consulat général de France à Hambourg a pris l'initiative.
Veuillez...

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