1940.05.00.De (Reu...).Paris.A Hypolite Worms.Londres.Original

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NB : Lettre dont la signature est indéchiffrable, datée de mai 1940 et classée après le 25 de ce mois en raison de la référence faite au transfert récent des bureaux parisiens de la Maison à Nantes.

Mai 1940
44, avenue d'Iéna (16e)

Mon cher ami,
Si vous aviez été à Paris depuis longtemps je serais allé vous entretenir de la question faisant l'objet de cette lettre.
Ce matin, j'avais pensé aller en parler avec M. Denis, mais j'ai appris par [Delapalue] que vos bureaux venaient d'être transférés à Nantes, je crois.
Vous vous souviendrez que, dans une précédente correspondance, j'avais attiré votre attention sur ce qu'il convenait, dans l'intérêt commun, de couvrir auprès des mêmes assureurs, les risques de guerre et les risques ordinaires de navigation, ces derniers étant du fait même de la guerre très aggravés. Depuis lors, les circonstances ont confirmé par des faits précis les arguments que j'invoquais.
Je vous citerai parmi beaucoup d'autres quatre exemples qui vous concernent particulièrement.
Le "Vendée", somme assurée F 236.500, dont l'accident est dû à l'aggravation certaine des dangers de la navigation, bien que n'ayons pas invoqué cette circonstance parce que, au moment du sinistre, avait quitté son convoi. Seule la science du capitaine peut être discutée, mais le "Vendée" naviguait en convoi !
Pour le "Picardie", assuré pour F 225.000, la situation est différente. Là une expertise est en cours, à Oran, et si elle n'est pas probante, je me demande comment l'armateur pourra justifier sa demande, soit à l'égard des assureurs risques ordinaires, soit à l'égard des assureurs risques de guerre, alors qu'aucune difficulté ne fut survenue si les deux catégories de risques avaient été couvertes auprès des mêmes assureurs.
Ensuite viennent les cas de deux navires étrangers transportant pour votre compte des cargaisons de charbon.
Le "[Maindy Hill]" assuré pour F 497.400 qui fut abordé alors qu'il naviguait en convoi et le "[Giannotis Goumaris]", assuré pour F 805.400 dont je viens d'apprendre l'échouement dans la baie de Cardiff.
Pour le second de ces deux sinistres, nous attendons des informations complémentaires avant de prendre une décision, mais pour le "[Maindy Hill]", par contre, il ne me paraît pas possible de le considérer comme un risque ordinaire et je serai obligé de conclure au rejet de la réclamation.
Ajoutez à toutes ces raisons d'ordre technique, les résultats industriels obtenus d'une part par les assureurs risques ordinaires et d'autre part par les assureurs risques de guerre et vous comprendrez pourquoi je me sens obligé d'insister à nouveau pour obtenir que le Groupement des importateurs de charbons fasse couvrir les risques de guerre par les mêmes assureurs que ceux qui les garantissent contre les risques ordinaires de la navigation. Il m'est d'autant plus aisé d'insister que les taux d'assurances pratiqués par le marché libre sont les mêmes que ceux pratiqués par la commission.
Du reste, c'est ainsi que procèdent les importateurs de métaux, de laines, de sucres, de rhume etc. et seule cette manière de procéder permet de concilier les intérêts des assurés avec ceux des assureurs car l'incertitude quant aux causes des sinistres et le fait que, dans le doute, on les attribue aux risques ordinaires de la navigation (assez souvent) nous incitera nécessairement à ne souscrire à l'avenir des polices que si elles comportent la garantie contre les deux catégories de risques.
Et maintenant que vous dire, sinon que hier la Banque de l'Indochine baissait de 1.100 F et que la Bourse d'aujourd'hui enregistre une hausse d'égale importance.
C'est toute la situation. Paris et tous ses habitants sont pleins de confiance et laissent aux réfugiés la province.
De Magda et moi, toute notre amitié affectueuse.

[Reu...]


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