1976.00.De Jules Moch.Une si longue vie.Extrait sur la SFTP

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Extrait des mémoires de Jules Moch, Une si longue vie, Paris, Robert Laffont, 1976, p. 145

« Pendant vingt-huit jours de cette deuxième station au pouvoir, j’ai juste le temps d’apprendre à connaître le ministère et de m’occuper de quelques affaires, sans intérêt autre que local et de deux plus sérieuses, que je résume :
Nous manquons de navires pétroliers. Louis Kahn m’apprend qu’une compagnie allemande de transports pétroliers vient de faire faillite et que deux de ses plus gros pétroliers vont être mis aux enchères à Rotterdam. L’État ne peut enchérir, faute de crédits au budget d’abord et aussi parce que le gouvernement allemand aurait surenchéri ou retiré les navires de la vente. D’où la solution : lancer un armateur privé français et lui demander d’acquérir les navires, en échange d’une garantie de fret pétrolier au cours mondial, majoré d’un faible intérêt rémunérant le capital ainsi investi. L’armement Worms s’offre pour cette affaire…
Je consulte Blum, car l’idée ne me semble pas conforme aux règles et nous ne pouvons nous faire autoriser par la Chambre, au prix d’un débat qui alerterait l’Allemagne… Léon Blum est intéressé par ce système, bien qu’il aboutisse à engager les finances publiques sans vote du Parlement. Mais l’enjeu vaut cet oubli des règles : ces deux pétroliers nous permettront en effet d’augmenter d’un quart nos importations annuelles de pétrole, au moment où nous avons des mécomptes dans la production industrielle d’essence synthétique. L’opération réussit brillamment. »

 

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