1963.10.17.De Paris Normandie.Article sur le soufrier Lacq-III des pétroles d'Aquitaine

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Le "Lacq-III", en cours de transformation au Havre, sera le premier soufrier liquide français

La Société nationale des pétroles d'Aquitaine est une grosse exportatrice de soufre : plus de 900.000 tonnes par an, dont 700.000 par voie de mer, soit vers des ports français (150.000 tonnes), soit vers l'étranger (Grande-Bretagne, Belgique, Allemagne de l'Est, Grèce, Liban, Égypte, Inde et même plus loin). Le point de départ de ces expéditions est Bayonne, pour lequel la Chambre de commerce a fait un gros effort en vue de rendre les accès franchissables par des navires de gros tonnages.

Jusqu'à ces derniers temps, la Société nationale des pétroles d'Aquitaine employait des cargos de bien des compagnies : Worms, Société navale caennaise, Société maritime nationale, Compagnie nantaise des chargeurs de l'Ouest, ou encore le "Théodore-Laurent", cette unité bien connue des forges de l'Adour.

Autre nom célèbre : Blancpignon, où se trouve le poste de chargement, installé dans l'estuaire : réalisation très moderne et qui a nécessité l'arasement d'une dune de sable.

La cadence de travail est de 800 à 1.000 tonnes-heure, et l'aire de stockage peut recevoir 35.000 tonnes de soufre.

Par la suite, la Société nationale des pétroles d'Aquitaine, pour se dégager au moins en partie des sujétions de l'affrètement, a acquis deux cargos qui furent baptisés "Président-Pierre-Angot" et "Jules-Berthière".

Le premier fut construit en 1958-1959 à Kiel, pour le compte d'un armement norvégien. Il s'appelait alors "Stella-Orion". C'est un bâtiment du type "tout à l'arrière", long de 91 m. 51, et

 

Le "Lacq-III" amarré quai de New-York dans le bassin de l'Eure du port du Havre

 

portant en lourd 4.050 tonnes. Un diesel de 2.600 chevaux, à 125 tours-minute, lui confère une vitesse de 12 nœuds à pleine charge. Son vocable évoque le premier président de la Société nationale des pétroles d'Aquitaine, qui opérait des recherches pétrolières dans le sud-ouest de la France, en 1941. Ayant refusé de révéler aux occupants les places des découvertes faites dans le Béarn, à Saint-Marcet, il fut déporté aux mines de sel de Ploenitz, en Sibérie, où il mourut.

Le second navire, le "Jules-Berthière", également du type "tout à l'arrière", est plus petit : long de 61 m. 10, il a un port en lourd de 955 tonnes. Il est mû par un moteur de 1.660 chevaux, à 375 tours-minute.

Construit en 1961 en Hollande, pour un armateur danois, il s'appelait "Lise-Hojxgaard". Son vocable actuel honore la mémoire du premier ouvrier de la Société nationale des pétroles d'Aquitaine, tué en service commandé, par l'explosion d'une turbine, au cours d'un forage.

Mais dans tout ce qui a été dit, il n'est question, bien sûr, que de soufre en poudre. Or, plus récemment, la Société nationale des pétroles d'Aquitaine a envisagé le transport du soufre sous forme liquide. Dans ce but, elle a acquis le pétrolier danois "Betty-Maersk", de l'armement Moller. C'est un tanker assez classique d'aspect, mais de tonnage relativement faible pour un long courrier : il a une jauge brute de 8.754 tonneaux et un port en lourd de 13.610 tonnes. Sa construction remonte à l'année 1955. Arrivé au Havre à la fin du mois de juin dernier, il pénétrait aussitôt dans la forme 4, puis, ensuite, fit un assez long séjour dans le bassin Dock, avant de venir s'amarrer au quai de New York, dans le bassin de l'Eure.

D'importants travaux sont en cours à bord, mais peut-être le navire ne sera-t-il pas terminé dans notre port. On prétend que son achèvement définitif aurait lieu dans un chantier de la Seine-Maritime.

Quoi qu'il en soit, le "Betty-Maersk", s'il a conservé la couleur bleue de sa coque et l'étoile blanche à sept branches, qui sont les marques de l'armement Moller, a déjà pris son nouveau patronyme ; il sera le "Lacq-III".

Pourquoi III ? On peut se le demander, puisqu'il n'existe pas, à notre connaissance, de "Lacq-I" ni de "Lacq-II". A moins qu'on n'ait voulu traduire ainsi qu'il était le troisième navire de la Société nationale des pétroles d'Aquitaine...

Em. B.

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