1893.11.28.De A. E. Monod - Worms Josse et Cie Marseille

NB : La copie image de ce document de très mauvaise qualité n'a pas été conservée.

28 novembre 1893 (soir)
MM. Worms Josse & Cie
Paris

Messieurs,
Nous avons l'honneur d'accuser réception de votre lettre particulière du 27 courant.
Gaz de Madrid. Nous avons reçu aujourd'hui même un renseignement qui corrobore absolument votre manière de voir. L'usine en question reçoit en ce moment ces charbons à 15/, rendu à Cadix, les divers bénéfices des affrètements étant à son profit. Il est trop claire qu'à ces conditions, il n'y a rien à faire et aucun espoir de pouvoir lutter.
Mango. Nous serons très heureux de recevoir la visite de votre recommandé que nous connaissons de nom depuis longtemps et ferons tout ce qui dépendra de nous pour lui être utile ou agréable. Nous notons ce que vous nous dîtes sur les relations qui existent entre MM. Foscolo Mango & Cie et MM. Watts Ward & Cie et qui feront sans doute obstacle aux rapports d'affaire que nous aurions autrement pu espérer avec la première de ces maisons.
Greffulhe. Le jugement rendu par notre tribunal de commerce a donné en principe gain de cause à M. Greffulhe, mais, pour établir le montant exact des commissions dues à M. Besson, il faudra que l'arbitre expert, déjà chargé du rapport préliminaire et qui a conclu au rejet des prétentions de M. B., reprenne toute la comptabilité depuis A jusqu'à Z et ce sera long.
Nous notons que Mme Greffulhe doit prochainement aller rejoindre son mari. Dès que nous serons fixés sur la date de son départ, nous ne manquerons pas de vous la faire connaître mais nous nous demandons si nous en serons nous-mêmes informés.
Cie Fraissinet - Las Palmas. Nous pensons que M. Fraissinet nous fera appeler comme il nous l'a promis demain ou après-demain au sujet de notre projet de contrat. En attendant, ayant eu l'occasion de le rencontrer, nous lui avons demandé s'il avait communiqué notre prix à Cory ainsi que vous paraissiez le craindre dans votre lettre spéciale du 22 courant. Il nous a affirmé le contraire et tel que nous le connaissons, nous serions bien surpris qu'il nous eut dit une chose pour l'autre. Il nous a même exprimé la surprise qu'il avait éprouvée en constatant que Cory lui avait proposé du premier coup le même prix exactement que nous. « Je me suis pourtant expliqué la chose, a-t-il ajouté, en voyant que Cory et vous aviez les mêmes livreurs à Las Palmas et que, par conséquent, vous traitiez pour la même maison qui avait dû vous faire les mêmes conditions. » « Mais vous devez faire erreur », lui avons-nous répliqué, car nous avions présent à la mémoire le passage de votre lettre du 20 novembre faisant une comparaison entre les livraisons de Blandy et celles de Cory à Las Palmas. « MM. Cory ne doivent certainement pas vous offrir des livraisons par la maison Blandy Bros. » « Je vous demande bien pardon, nous a-t-il répondu, c'est parfaitement le nom qu'ils nous ont indiqué et qui figure sur leurs listes imprimées que nous avons eues sous les yeux. »
Cette nouvelle nous a paru si incompréhensible, surtout après ce que vous nous aviez écrit, que nous nous sommes empressés de vous la communiquer par dépêche en ces termes : « Saviez-vous que Cory offre aussi Blandy comme livreur à Las Palmas ? »
Vous n'ignorez pas que la Compagnie Fraissinet traite depuis de très longues années avec Cory pour les charbons qu'elle prend dans presque tous les ports en dehors de Marseille. Lorsque Cory a apporté son projet de contrat général pour 1894, M. Fraissinet a biffé Las Palmas de la liste, disant qu'il désirait réserver ce dépôt. C'est alors, paraît-il, que Cory lui aurait spontanément offert le prix de 21/6, c'est-à-dire le même que nous lui avons fait nous-mêmes.
Quittet. À titre de curiosité, nous vous remettons sous ce pli un bulletin de demande de renseignements qui nous a été apporté aujourd'hui par un employé du Crédit lyonnais, chargé par le directeur de nous prier de le remplir ! Nous n'avons pas besoin de vous reproduire la réponse verbale que nous lui avons faite, car vous vous en rendez suffisamment compte. Nous avons interrogé le mandataire du Crédit lyonnais qui nous a affirmé qu'il s'agissait bien de renseignements commerciaux et que la demande émanait du dehors.
Nous avons rappelé M. Quittet et lui avons demandé les quelques explications sur une démarche aussi étrange. Il ne s'est pas démonté le moins du monde, a déclaré qu'il n'avait aucune notion d'où pouvait provenir une pareille ineptie, a prétendu qu'il n'avait aucun pouvoir d'empêcher des tiers inconnus de faire ce que bon leur semblait, mais que, quant à lui, il jurait ses grands dieux qu'il ne faisait ni de près ni de loin un commerce quelconque pouvant donner lieu à une demande de renseignements. Nous n'avons pas pu tirer de lui autre chose mais ne lui avons pas caché nos doutes et notre scepticisme, n'admettant pas comme possible que des renseignements commerciaux soient demandés officiellement en banque sur une personne n'étant plus à marier, à moins que celle-ci n'ait eu à faire appel au crédit ou n'ait à donner des gages de sa moralité vis-à-vis d'étrangers.
Veuillez agréer, Messieurs, nos salutations très distinguées.

P.Pon Worms Josse & Cie
A. Monod

Pour votre gouverne, nous vous envoyons copie de la lettre que nous avons adressée aujourd'hui à Cardiff au sujet du mélange industriel dont vous entretenez notre officielle lettre.
Mercredi matin
Nous trouvons, en arrivant au bureau, une lettre de Toulon, dont copie incluse. Nous télégraphions en conséquence à [...]. Malheureusement, nous n'avons [...] 40e de tonnes, ce qui ne facilitera pas beaucoup les choses !

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