"L'une des constantes de notre destin
est d'avoir toujours placé le devoir national avant tout autre."

Hypolite Worms, 1949

1939
1er septembre, 5 h 45 : les troupes allemandes envahissent la Pologne ; à 10 h 30, le gouvernement français décrète la mobilisation générale et l'état de siège. La totalité des navires de commerce de plus de 500 tonneaux est réquisitionnée : la majorité passe sous contrôle de la Direction des transports maritimes (DTM) en temps de guerre, instance nouvellement créée. Ainsi 23 des 24 caboteurs de la Maison sont mobilisés : 15 sont affrétés par la DTM et 8 sont requis par la Marine nationale qui les transforme en patrouilleurs. Les 9 cargos de la Nouvelle Compagnie havraise péninsulaire et les 8 tankers de la Société française de transports pétroliers entrent pareillement en service de guerre. 2 septembre : fin de l'accord de pool entre la NCHP et les Messageries maritimes ainsi qu'avec la Scandinavian East Africa Line. 3 septembre : la Grande-Bretagne, à 11 h, et la France, à 17 h, déclarent la guerre à l'Allemagne, remplissant ainsi leurs engagements d'assistance mutuelle envers la Pologne (traité anglo-polonais du 25 août 1939). Par sa localisation au nord et à l'est de l'Europe, le conflit bouleverse profondément l'exploitation des services maritimes. La Maison, privée de l'administration directe de ses navires, suspend l'exploitation de ses lignes. Les succursales sont mises en sommeil et le personnel replié vers la France à mesure de l'extension des opérations militaires. Formation du groupement coopératif d'affrètements maritimes et de vente de navires dont Jean Nelson-Pautier devient président. Livraison des "Picardie" et "Limousin" à la SFTP, qui prend en gérance le "Capitaine-Damiani", le "Vendée" et le "Phénix" (septembre-novembre).

Octobre : à la demande de Raoul Dautry, ministre de l'Armement, Jacques Barnaud devient directeur de la Mission française d'achat dans les pays scandinaves. Renouvellement des conseils d'administration des Établissements Japy Frères et de la Société centrale d'achats pour le nord de l'Europe. Mise en ordre des intérêts de la Maison en Hollande et au Canada (fin octobre) par l'intermédiaire de Georges F. Doriot (ami d'H. Worms, J. Barnaud et G. Le Roy Ladurie, sans lien familial ou politique avec le fondateur du PPF).

23 novembre : Hypolite Worms est désigné par le ministre de la Marine marchande, Alphonse Rio, comme chef de la Délégation française au Comité exécutif des transports maritimes. Assisté d'Henri Cangardel, chef de la mission des Transports maritimes à Londres, il est chargé d'appliquer, avec les représentants anglais, le programme de mise en commun des ressources maritimes nécessaires à la France et au Royaume-Uni pendant la durée du conflit, ainsi qu'en ont décidé le président du Conseil français, Édouard Daladier, et le Premier ministre britannique, Neville Chamberlain. Plus spécialement, il doit coordonner les besoins de transport des deux pays, négocier les accords de tonnage avec les Alliés et les Neutres, et répartir les volumes ainsi affrétés. 29 novembre : accompagné de Raymond Meynial et de Robert Labbé, H. Worms s'installe à Londres, où siège le Comité.

Décembre : J. Barnaud est appelé au ministère des Finances par Paul Reynaud et Yves Bouthillier qui le chargent des questions de finances extérieures, en particulier de la disponibilité de la France en devises et du contrôle des achats à l'étranger.

Hiver 1939-début 1940 : prise en gérance par la SFTP de quatre nouveaux bâtiments achetés par l'État français à des armateurs norvégiens. Fin 1939 : facilités de trésorerie accordées par la Maison à La Préservatrice ; engagement des Établissements Puzenat pour 40 millions de commandes de guerre renouvelables. Au cours de l'année, la Maison a vendu 774.000 tonnes de charbon (dont 567.000 tonnes au cours du premier semestre) contre 1.845.000 tonnes en 1938.

1940
Avec un effectif sensiblement plus élevé que celui d'avant-guerre, les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime - ACSM consacrent leur activité à la défense nationale sous le contrôle de la Marine militaire : transformation et armement de 11 navires de la flotte auxiliaire ; livraison du charbonnier "Égée" et de 2 chasseurs dragueurs dépanneurs. Janvier : acquisition par la Société tunisienne des hyperphosphates Réno de 51% du capital de la Compagnie sétoise de produits chimiques, cette opération est effectuée avec le concours de Worms, à qui, par la suite, est rétrocédée la participation dans la Sétoise. Retrait du Comptoir financier des matières premières. Livraison du pétrolier "Dauphiné" à la SFTP (janvier-février). 8-9 janvier : naufrage du cargo "Barsac". 11 janvier : augmentation du capital de Worms & Cie de 4 millions à 40 millions de francs par incorporation de réserves. Lettre de félicitations d'Alphonse Rio à H. Worms au sujet d'un accord signé avec son collègue britannique.

Février : naufrage du "Picardie" et échouage du "Vendée", bâtiments confiés en gérance par le gouvernement à la SFTP.

Mars : augmentation de capital de La Préservatrice dont la Maison souscrit une part importante (avril) ; création de la Société privée de réescompte, avec la banque Vernes et Cie et Michel Goudchaux. 20 mars : Édouard Daladier, mis en cause à l'Assemblée par ceux qui lui reprochent son manque de fermeté (Léon Blum) et ceux qui critiquent les conditions de l'entrée en guerre, cède la direction du gouvernement à son ministre des Finances, Paul Reynaud qui lui confie, sous la pression des radicaux, le ministère de la Défense nationale et de la Guerre. J. Barnaud côtoie Paul Reynaud depuis 1927 et G. Le Roy Ladurie depuis 1932, tous deux connaissent également son secrétaire particulier, Paul Baudouin.

9 avril-8 juin : invasion de la Norvège par l'armée allemande. Accord négocié par la Mission franco-anglaise de Londres, aux termes duquel une grande partie de la flotte norvégienne est mise à la disposition de la France et de la Grande-Bretagne. Accords similaires en cours de négociation avec les Hollandais et les Suédois : H. Worms obtient que le partage se fasse sur une base avantageuse pour la France.

Mai : rapatriement de la direction française de la succursale d'Hambourg ; mise en sommeil de celle d'Anvers. 10 mai : l'armée allemande déferle sur les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg (déclenchement de la bataille des Ardennes). Neville Chamberlain, débordé par les premiers succès militaires du Reich, abandonne la conduite de la Grande-Bretagne à Winston Churchill qui crée un gouvernement d'union nationale. A la demande de Paul Reynaud, G. Le Roy Ladurie héberge pour quelques jours chez lui le comte de Paris, qui revient d'une mission officieuse auprès de la cour d'Italie. 13 mai : percée du front français à Sedan et à Dinant (14 mai), qui ouvre la voie à de vastes opérations ennemies dans l'arrière-pays. 14 mai : reddition de Rotterdam. Mise sous séquestre de NV Wester Financiering Maatschappij, filiale à 100% de la Maison et propriétaire des installations maritimes Worms à Rotterdam et à Dantzig. Ouverture de la succursale de La Riche près de Tours (Indre-et-Loire). 16 mai : capitulation de la Hollande. Ouverture de la Popote, au 45, rue Tronchet, restaurant destiné au personnel Worms, à la direction et à ses invités. 17 mai : une ordonnance du Reich annonce le rattachement du franc au mark. 18 mai : Paul Reynaud procède à un remaniement ministériel ; il prend le portefeuille de la Défense qu'il enlève à Édouard Daladier auquel il confie celui des Affaires étrangères. Le maréchal Pétain entre au gouvernement comme vice-président du Conseil. George Mandel passe du ministère des Colonies à celui de l'Intérieur. Le général Weygand prend la tête des armées. 20 mai : les Allemands promulguent dans la zone d'occupation française une ordonnance selon laquelle « toutes les entreprises de métier et d'industrie, d'alimentation et d'agriculture, d'économie forestière et de bois doivent continuer à travailler pourvu que des raisons de force majeure n'exigent pas d'autres décisions ». 21 mai : les troupes allemandes atteignent la Manche ; leur progression dans toutes les directions provoque l'exode des populations du nord de la France et bientôt de la région parisienne. [Mission à Londres :] H. Worms obtient que la part de la France dans la distribution des navires nécessaires au transport des matières premières (notamment de l'acier américain) soit égale à celle de la Grande-Bretagne. Rupture des communications entre Paris et Londres. 25 mai : repli d'une partie des Services bancaires et maritimes, de la NCHP et de la SFTP, à Nantes, et de la direction générale charbons à Bordeaux. Évacuation des succursales de Boulogne et de Dieppe ; rupture des communications avec Dunkerque, dont les réfugiés sont débarqués au Havre, à Cherbourg, Saint-Malo et Brest. Projet de remplacement de la ligne Dieppe-Grimsby. 26 mai : allocation à la France de caboteurs hollandais. 28 mai : début de l'évacuation du corps expéditionnaire britannique stationné à Dunkerque et d'une partie des troupes françaises. Cette opération, connue sous le nom d'opération "Dynamo", est achevée le 4 juin 1940. Devant l'avancée des armées allemandes, la direction des ACSM se préoccupe de détruire les sous-marins en chantier, dont l'un, "La-Favorite", est à la veille du lancement, mais elle y sursoit faute d'instructions des autorités militaires. 31 mai : le chasseur de sous-marins 14 quitte Le Trait pour Cherbourg.

3 juin : bombardement de Paris par l'aviation allemande. 5 juin : au cours d'un troisième remaniement de son cabinet, Paul Reynaud remplace au ministère des Affaires étrangères Édouard Daladier qui quitte le gouvernement. Ludovic O. Frossard succède à Anatole de Monzie aux Transports et Travaux publics tandis qu'Yves Bouthillier est nommé aux Finances. 6 juin : début de l'exode de la population française. 8 juin : lancement du chasseur N°16 par les ACSM. 9 juin : suite à l'invasion de Rouen par les Allemands, le plan d'évacuation du personnel et d'une partie du matériel des chantiers navals du Trait est mis à exécution. Restent sur cales les pétroliers ravitailleurs, "Charente", "Mayenne" et "La-Baïse", ainsi que les sous-marins, "Africaine", "Andromaque" et "La-Favorite". Cinq navires NCHP seront arraisonnés en mer par les forces navales britanniques : chaque fois, l'ordre de sabordage donné par la Marine nationale ne sera pas exécuté, et une rumeur se développera selon laquelle la Maison recommande aux équipages des navires qu'elle contrôle de se livrer aux Anglais. 10 juin : en raison de l'avancée des troupes allemandes et de l'occupation de plus en plus probable de Paris, le général Weygand conseille aux pouvoirs publics de quitter la capitale qui est déclarée ville ouverte. Les services centraux des ministères partent pour Tours où le Conseil des ministres décide que le gouvernement et le Parlement se replieront. Ce même jour les Italiens déclarent la guerre à la France. Fin des missions de J. Barnaud aux ministères de l'Armement et des Finances ; il part pour Nantes. 11 juin : destruction de l'atelier de réparations du Havre sur ordre des autorités militaires. 12 juin : prise de position du général Weygand et d'autres responsables en faveur de l'armistice. Paul Reynaud et quelques ministres leur opposent l'accord du 28 mars 1940 par lequel la France et le Royaume-Uni se sont engagés à ne pas conclure d'armistices séparés. Interruption des communications entre Paris et Londres (mission d'H. Worms). Perte du "Cérons", coulé au large de Veules-les-Roses, en prenant part à l'évacuation du Havre. 13 juin : entrevue de Paul Reynaud et de Winston Churchill concernant la signature éventuelle de l'armistice par la France ; "Ville-de-Majunga", après avoir subi un bombardement allemand sur rade du Havre, se réfugie à Brest, puis à Casablanca (vers le 18 juin). 14 juin : tandis que Paris est occupé et la Loire atteinte par les forces allemandes, le gouvernement, profondément divisé sur la question de la poursuite de la guerre, quitte Tours et s'installe à Bordeaux, où J. Barnaud se rend à la demande d'Yves Bouthillier ; dans l'impossibilité de regagner Nantes, il suit le gouvernement à Vichy. 15 juin : entrevue de G. Le Roy Ladurie et de Paul Reynaud, à Bordeaux. 16 juin : Paul Reynaud, qui veut continuer la guerre hors de la Métropole, est contraint de démissionner. Il est remplacé à la présidence du Conseil par Philippe Pétain qui forme un nouveau gouvernement acquis à l'armistice. Aide apportée, dans les jours qui suivent, par G. Le Roy Ladurie à P. Reynaud dans ses préparatifs au poste d'ambassadeur à Washington (projet qui sera abandonné). 17 juin : Pétain fait demander un armistice aux Allemands, qui mettent en place un blocus total du Royaume-Uni. 18 juin : appel du général de Gaulle. Entretien d'H. Worms avec Emmanuel Monick, attaché financier auprès de l'ambassade de France à Londres, au sujet de la nécessité d'informer le gouvernement français de la détermination de l'Angleterre de continuer la lutte ; E. Monick part - mais en vain - à Bordeaux. [Mission d'Hypolite Worms à Londres :] Obtention, tant de l'Angleterre que de pays neutres, d'un supplément de 4.000.000 de tonnes de navires affrétés, qui, ajoutées aux 3.000.000 de tonnes de la Marine marchande françaises, permettent par rotation de couvrir, et au-delà, les besoins annuels de la France en matière de transport. H. Worms obtient en outre qu'aucun accord interallié ne soit négocié ni signé sans la participation de la France. Décision du commandant du "Franche-Comté" (SFTP) de rallier l'Angleterre où il arrivera le 23 juin. Naufrage, à la suite d'un bombardement aérien allemand, du "Brumaire", navire de la STMP affrété à la Société française de raffinage. Convocation de G. Le Roy Ladurie par Pierre Laval à Bordeaux pour « des motifs peu clairs » mais qui pourraient concerner un possible arrangement avec Paul Baudouin. 21-22 juin : Hypolite Worms, d'accord avec René Mayer, donne instruction au chef de la Mission des transports maritimes, à New York, de diriger sur Liverpool deux vapeurs chargés d'obus, de fusils, de mitrailleuses... 22 juin : signature de l'armistice franco-allemand à Rethondes : la France est coupée en 2 zones par une ligne de démarcation percée de 14 points de passage ; l'Allemagne occupe les deux tiers de l'Hexagone et conserve les soldats français prisonniers jusqu'à la paix ; le gouvernement français est contraint à désarmer la flotte, mais les colonies sont laissées libres d'occupation étrangère. Appel à la constitution des Forces françaises libres par Charles de Gaulle. Les navires à destination des ports français, interceptés par les autorités britanniques, sont détournés vers les ports du Royaume-Uni. Neuf navires Worms, qui stationnent dans des ports anglais, sont saisis par l'Amirauté britannique ; six bateaux qui se trouvent dans des ports de l'Atlantique sont saisis par les Allemands ; ceux qui naviguent en Méditerranée continuent à être réquisitionnés par le gouvernement français. L'armistice a pour conséquence de rendre inutilisable la plus grande partie des navires qui, ayant été affrétés par la Délégation française au Comité exécutif des transports maritimes pour la durée du conflit, auprès d'armateurs hollandais et norvégiens notamment, dont les gouvernements continuent la guerre aux côtés de l'Angleterre, ne sont plus autorisés à naviguer à destination des ports français. Les autorités britanniques refusent en outre que ces bateaux continuent à être assurés par le War Risks Insurance Office. Pèse ainsi sur la France la menace de devoir supporter les charges, estimées entre 15 et 20 millions par jour, de location de navires condamnés à rester bloqués dans les ports et non assurés contre les risques de guerre. Ce défaut d'assurance constitue un risque financier considérable puisqu'en cas de perte, la France se doit de rembourser le navire à son armateur. L'armée allemande et la Kriegsmarine placent sous contrôle les installations portuaires, les ateliers de réparation et les chantiers navals. Sous peine d'être déporté en Allemagne, le personnel est contraint d'exécuter les ordres de travail. Retour des ouvriers et de la direction des ACSM au Trait. Engagement pris par Pierre Grédy, directeur général de la succursale de Port-Saïd, tant en son nom qu'en celui de Worms, de mettre tout en oeuvre pour soutenir dans sa zone géographique l'effort de guerre des Alliés ; la Maison recevra à plusieurs reprises des témoignages de satisfaction du Ministry of Shipping, Shipping Board, Ministry of Supply & Contraband Control. 23 juin : Pétain nomme Pierre Laval et Adrien Marquet ministres d'État. 24 juin : départ de Paul Reynaud ; saisie par la Marine allemande, du "Ville-de-Reims" (NCHP) à Nantes. 25 juin : retour à Paris envisagé par les chefs des missions à Londres. Par application de la convention de La Haye, les autorités allemandes considèrent comme prises de guerre les navires en construction dans les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. 27 juin : Laval devient vice-président du Conseil. 28 juin : date de reprise par l'Angleterre des chartes des navires affrétés par la France [accords Worms]. 29 juin : ayant quitté Bordeaux, qui se trouve en zone occupée, pour Clermont-Ferrand, les pouvoirs publics décident, en raison du manque de locaux, de s'installer à Vichy. Retour de G. Le Roy Ladurie à Paris.

Juillet : création des Services de la marine marchande de la France libre. Reprise générale du trafic entre Oran, Alger, Philippeville, Bougie, Tunis, Bizerte et les ports de Port-Vendres jusqu'à Nice. 1er juillet : arrivée du gouvernement à Vichy. 2 juillet : réouverture du siège de la Maison à Paris. 2-3 juillet : opération Catapult - l'amirauté britannique redoutant que la flotte française ne soit livrée aux puissances de l'Axe, décide de la "neutraliser". Devant le refus de la marine nationale de passer sous contrôle anglais et de désarmer, l'amiral Sommerville ouvre le feu sur l'escadre au mouillage à Mers-El-Kébir, près d'Oran où "Champagne" et "Lorraine" (SFTP) se trouvent en cours de déchargement. La plupart des navires sont gravement endommagés. Stupeur de tous les marins, dont 1.300 sont tués. Au même moment, les bâtiments ancrés en Grande-Bretagne sont pris d'assaut. 3-4 juillet : venue de G. Le Roy Ladurie à Vichy où est installé un bureau de la Maison et où il informe le maréchal Pétain, l'amiral Darlan et le général Weygand de la situation dans la capitale ; le président Lebrun lui accorde un entretien. 4 juillet : rupture des relations diplomatiques entre la France de Vichy et la Grande-Bretagne. Signature par H. Worms d'un accord avec le Ministry of Shipping par lequel les deux millions de tonnes de navires alliés et neutres (norvégiens, suédois, hollandais et grecs) affrétés par la France sont transférées à l'Angleterre, celle-ci prenant en charge tous les engagements présents ou à venir de l'État français. Cet accord permet également que les cargaisons ne soient pas réquisitionnées mais rachetées. 4-5 juillet : H. Worms reçoit l'aval de l'amiral Darlan. 6 juillet : liquidation des Missions franco-anglaises, accord financier avec la Trésorerie britannique. 7 juillet : négociation par H. Worms d'un nouvel accord laissant une option de 30 jours pendant lesquels les navires neutres non livrés à l'Angleterre, se trouvant dans les ports français de la métropole ou des colonies, continueraient à être assurés par le War Risks Insurance Office. Les ACSM reçoivent de la Kriegsmarine, sous menace de réquisition des Chantiers, la commande de 4 chalands citernes non automoteurs. 9 juillet : sur proposition d'Yves Bouthillier, J. Barnaud devient adjoint de Léon Noël, ambassadeur de France, nommé au poste de délégué général de la France dans la zone occupée et en charge de l'administration des territoires de cette zone. 10 juillet : formation de l'État français - ajournement des Chambres après que sont accordés au maréchal Pétain les pouvoirs constituants ; le gouvernement entreprend une "révolution nationale" sur le thème "travail, famille, patrie". 12 juillet : formation d'un nouveau gouvernement. 14 juillet : René Belin accepte le portefeuille de secrétaire d'État au Travail du maréchal Pétain et exige que soit créé sous son autorité un véritable ministère de la Production industrielle, auquel est joint le Travail. 17 juillet : les autorités anglaises viennent à bord du "Franche-Comté" (SFTP) pour faire connaître les avantages réservés à ceux qui se rangeraient dans le parti du général de Gaulle. 17 juillet-8 août : "Languedoc", arrivé à Trinidad, est saisi par les autorités britanniques ; "Saintonge", basé à Belfast, passe sous le contrôle du gouvernement anglais. 19 juillet : « Afin de sauvegarder le patrimoine de [ses] ancêtres et les intérêts du personnel », Hypolite Worms, informé que « l'occupant a décidé la liquidation forcée de [sa] maison », décide de rentrer en France ; il embarque à Liverpool sur l'"Orduna" en direction de Lisbonne. 25 juillet : Réouverture des chantiers du Trait ; réquisition du "Château-Palmer" par les autorités allemandes. 26 juillet : arrivée d'H. Worms à Valence ; avant d'atteindre l'Espagne, les délégations françaises sont passées par Lisbonne où Paul Morand, chef des missions, a obtenu de l'Ambassade de France au Portugal de pouvoir gagner Vichy ; le voyage se fait en train par l'Espagne. 30 juillet : Le blocus de toutes les côtes de France, d'Algérie, de Tunisie et du Maroc est proclamé par l'Angleterre ; cette mesure entrave les relations avec les succursales implantées en Grande-Bretagne, elle interdit en outre l'approvisionnement en charbon de la Maison, qui prend dès cette époque la position de revendeur sur le marché intérieur, encore que les bases commerciales, tournées vers la mer, soient éloignées des centres d'extraction houillère. Fin juillet : le gouvernement allemand demande au gouvernement français de s'abstenir de tout commerce avec les territoires britanniques (dominions et colonies compris), le Reich désire, par ce moyen, empêcher tout accroissement du potentiel de guerre de la Grande-Bretagne. Appelé à Vichy, J. Barnaud est sollicité par Y. Bouthillier pour prendre les fonctions de chef de cabinet de Belin, au ministère de la Production industrielle et du Travail, poste qu'il accepte après quelques hésitations. Juillet-août : à la demande du ministère de l'Armement qui cherche à faire barrage à un groupe allemand, la Maison acquiert, par l'entremise de la Maison Foulonneau et Pitavino, la majorité des parts de la société Metalla, basée en Suisse, laquelle contrôle par l'intermédiaire de la Société des recherches minières du Falta, la société marocaine Le Molybdène, ayant pour objet l'exploitation, dans l'Atlas, d'un gisement de molybdénite, minerai très rare utilisé à la préparation des aciers spéciaux pour les fabrications d'armement, que l'Allemagne tente de se procurer.

1er août : H. Worms est à Vichy où il rend compte de sa mission en Angleterre aux amiraux Darlan et Auphand, et à MM. Baudouin, Piétri, Lemery et Bouthillier ; G. Le Roy Ladurie l'y rejoint. 4 et 6 août : réquisition par l'occupant des "Ville-de-Metz" et "Malgache" (appartenant à l'État), immobilisés à Bordeaux. 6 août : les ACSM reçoivent l'ordre des autorités allemandes de poursuivre la construction de "La-Charente" et de "La-Mayenne", ainsi que de mettre en chantier quatre chalands-citernes à essence ; la Marine française leur donne l'instruction d'achever la construction des trois pétroliers, "La-Charente", "La-Mayenne" et "La-Baïse", l'Amirauté confirme la construction de deux "Malgache". 8 août : réquisition du "Château-Palmer" par l'occupant. 10 août : J. Barnaud retrouve H. Worms à Vichy. 11-13 août : ordre de mission enjoignant à H. Worms, chargé de mission par le secrétariat d'État à la Marine, de se rendre à Paris pour une dizaine de jours. 16 août : loi instituant les comités d'organisation dans chaque branche de l'activité industrielle ou commerciale dont la situation rendra cette création nécessaire. 21 août : le pétrole est considéré comme matériel de guerre et ses stocks en France métropolitaine sont soumis à un contrôle en zone occupée et non occupée. 27 août : réquisition du navire "Le-Trait" par les Allemands. 28 août : retour d'H. Worms de Paris à Vichy. 30 août : réquisition du "Pontet-Canet" par les autorités allemandes. Août-septembre : perte du "Listrac", interné à Plymouth en 1940, et utilisé comme le "Pessac" par les Anglais. Entrevue entre G. Le Roy Ladurie et Pierre Laval qui se déclare hostile à lui et à la Maison Worms. A une date imprécise mais antérieure au 21 octobre, H. Worms obtient une audience de Laval qui lui reproche d'être opposé à sa politique ; en dépit de ses dénégations, celui-ci stigmatise certaines personnes de son entourage, et plus spécialement Le Roy Ladurie, qu'il accuse d'être monarchiste.

Septembre : création des Offices de répartition des matières premières. Premières démarches des autorités d'occupation envers les Entreprises Japy Frères pour exiger une part très importante, sinon la totalité, des fabrications. 2 septembre : ordre est donné par l'amirauté allemande de reprendre la construction du sous-marin "La-Favorite". 15 septembre : homologation des deux textes provisoires régissant l'affrètement des navires en temps de guerre ; l'accord règle les rapports de l'État et de l'armement et fixe les modalités de la charte-partie d'affrètement et de contrat de gérance technique de la Direction des transports maritimes de la Marine marchande ; il est prévu (pour les navires de plus de 500 tonneaux) des indemnités destinées à constituer les réserves nécessaires au renouvellement de la flotte ; de son côté, l'armateur continue de gérer et d'armer sa flotte, sauf si elle est réquisitionnée par les forces militaires. 17-21 septembre : refus verbal des ACSM de reprendre le travail sur la "La-Favorite" sous prétexte que l'ordre ne peut leur être donné que par l'amirauté française. Vers le 22 septembre : départ définitif d'H. Worms de Vichy qui n'y reviendra qu'à une ou deux occasions à la fin de 1940 ou au début de 1941. 23 septembre : transformation en société anonyme de la SARL Manufacture centrale des machines agricoles C. Puzenat. 27-29 septembre : les Chantiers du Trait saisissent l'amiral Darlan, ministre de la Marine à Vichy, des prétentions allemandes ; la décision est reportée jusqu'à ce qu'elle soit tranchée par l'ingénieur général, chef du service des commandes allemandes, à Paris. Automne : L'Allemagne exige la livraison de 110 tonnes de molybdène. Un différend d'ordre privé sépare G. Le Roy Ladurie et Paul Baudouin.

Octobre : premier "rapport" du Dr Henri Martin (médecin, ancien membre de la Cagoule, créateur d'un service de renseignement privé) sur la synarchie, « mystérieuse société secrète » ayant pour but de « faire obstacle aux tendances "socialistes" de la révolution nationale et du pétainisme ; de protéger les intérêts économiques juifs, anglo-saxons et plus généralement étrangers ; et de bloquer les efforts pour organiser l'Europe continentale en une entité économique excluant les AngIo-Saxons... » 3 octobre : sans que l'occupant allemand ait fait pression sur le régime de Vichy, celui-ci promulgue une loi portant statut des Juifs. 4-5 octobre : mise en demeure des ACSM par l'amirauté allemande d'avoir à reprendre immédiatement le travail, injonction à laquelle l'amirauté française donne l'ordre de déférer. 7 octobre : lettre de diffamation à l'encontre de la Maison ainsi que de MM. Baudouin et Bouthillier, envoyée au maréchal Pétain. 8-9 octobre : ordre de la Marine nationale de démonter les sous-marins "Armide" et "Andromaque" dont la commande est résiliée. 11 octobre : ouverture d'une succursale à Saint-Cyprien dépendant de la succursale de Bordeaux. 14-16 octobre : Michel Goudchaux démissionne spontanément de ses fonctions d'associé gérant ; bien que de religion catholique, il est en effet considéré comme Israélite au sens des dispositions de l'ordonnance du 27 septembre 1940. 17 octobre : perte du "Languedoc" (SFTP) torpillé au large de l'Islande. 18 octobre : Ordonnance concernant les entreprises juives. Modification des statuts de la société suite à la démission de Michel Goudchaux. Jacques Barnaud, qui a démissionné de tous ses postes d'administrateur, demeure associé gérant, mais sans percevoir de rémunération, aux côtés d'H. Worms. 19 octobre : donation partage de Mme Jean Labbé, soeur de Michel Goudchaux, à ses deux fils, Léon et Robert Labbé. 21 octobre : parution dans Paris-Soir du premier article calomniant la Maison Worms ; les attaques haineuses qui y sont portées à l'encontre d'H. Worms pour avoir livré la flotte française aux Anglais ou en raison de ses sympathies pro-britanniques, seront reprises à l'envi durant toute l'occupation par les journaux collaborationnistes ("Paris-Soir" des 21, 23, 24 octobre, 3 novembre 1940, "Au Pilori" des 8-29 novembre, 20 décembre 1940, 28 février, 6 octobre 1941, "L'Oeuvre" des 26 février, 3 et 6 août 1941, le "Franciste" du 1er novembre 1941, "L'Appel" du 5 mars 1942, "France Europe" du 21 novembre 1942...). 22 octobre : entrevue de Laval et Hitler à Montoire. 23 octobre : les ACSM reçoivent de la Kriegsmarine la commande de 3 cargos à moteur. 25 octobre : transfert des parts de capital de Michel Goudchaux dans la société à ses trois filles, qui deviennent commanditaires. Nomination de Wilhelm Beines von Ziegesar, directeur de la Commerzbank AG, filiale à Cottbus, en tant que commissaire administrateur de Worms & Cie, investi des pouvoirs de gestion les plus étendus, aux termes de l'ordonnance du 20 mai 1940 ; Olivier de Sèze est nommé commissaire administrateur suppléant de la Maison, seul établissement français, en dehors des banques étrangères établies en France et en dehors de la Banque de France, qui ait eu à subir une telle mesure. 26-28 octobre : la campagne de presse dont la Maison est l'objet suscite l'indignation d'Anatole Rio et de l'amiral Darlan notamment. 30 octobre : prise de fonction du Wilhelm Beines von Ziegesar, commissaire-administrateur, et d'Olivier de Sèze, commissaire-administrateur adjoint. Saisie par les ACSM de l'amirauté française aux fins d'instructions concernant l'ordre de l'amirauté allemande d'achever le sous-marin "L'Africaine". 31 octobre : en raison de la participation anglaise, Johns I. Jacobs, la Société de courtage et d'affrètement pétroliers - Socap, est dissoute par anticipation. Octobre-novembre : ouverture d'une agence des Services bancaires à Marseille.

Novembre : un représentant de la maison Otto Wolff, de Cologne, dûment mandaté par le gouvernement allemand, demande à la société Le Molybdène d'être livré en minerais de molybdénite ; Raymond Meynial le renvoie au Comité d'organisation, puis à la Direction des mines, à la Commission d'armistice, à la Résidence générale du Maroc... Vers le début novembre : projet non-réalisé de Pierre Laval de faire arrêter H. Worms. 3 novembre : date des derniers éléments versés au dossier analytique ouvert par l'Administration sur la Maison ; 9 novembre : création du Comité d'organisation de l'importation charbonnière, auquel siège Louis Vignet. 25 novembre : les Services charbons essaient de prendre part à d'importantes livraisons de minerai belge qui viennent d'être décidées entre les autorités allemandes, belges et françaises. 26 novembre : l'amirauté française donne l'ordre aux Chantiers d'achever le sous-marin "L'Africaine" au profit de l'Allemagne.

Décembre : G. Le Roy Ladurie reçoit la visite du Dr Hettlage, principal membre du Vorstand de la Commerzbank, qui souhaiterait devenir associé-gérant de la Maison Worms en lieu et place de Michel Goudchaux. Doublement du capital des Établissements Japy Frères dont 45% sont détenus par la Maison au terme de l'opération. 13 décembre : Pierre Laval est démis de ses fonctions de vice-président du Conseil par Philippe Pétain qui l'accuse d'être trop impliqué avec l'Allemagne, puis il est arrêté et assigné à résidence, il tiendra G. Le Roy Ladurie et H. Worms pour responsables de sa destitution. 22 décembre : ordre de l'amirauté allemande de reprendre la construction du sous-marin "L'Africaine" et du ravitailleur d'escadre "Charente". 28 décembre : s'abritant derrière une absence de licence régulière, les ACSM refusent de poursuivre le travail.

La Maison a vendu, au cours de l'année, 496.000 tonnes de charbon. Le blocus ayant entraîné l'arrêt des importations, les succursales en France se sont concentrées sur la vente en gros et au détail des tonnages de houille livrés par les mines françaises sur attribution de l'Office de répartition du charbon ; en outre, ont été créés de nombreuses exploitations forestières et des chantiers pour la carbonisation du bois ; des tourbières ont été mises en exploitation dans le Finistère, la Loire-Inférieure, le Maine-et-Loire, l'Indre-et-Loire, la Charente et les Basses-Pyrénées ; par ces activités de substitution, la Maison assure le travail à son personnel (dans les rangs duquel se compteront de nombreux réfractaires au STO) et participe au ravitaillement en combustibles du pays. Elle devient l'agent de vente des gazogènes Suca, dont elle procède au montage dans ses propres ateliers. Extension de l'objet social de la Société française des huiles combustibles, Huilcombus, à l'acquisition et à l'exploitation de toutes forêts ou coupes de forêts, à la carbonisation, la distribution et la vente du bois et du charbon de bois, en raison de la transformation de l'industrie et du commerce des carburants.

1941
1er janvier : ouverture d'une agence à Pau (Basses-Pyrénées). 8 janvier : communication à Marcel Déat d'un dossier sur la Synarchie. Le journal collaborationniste "Au Pilori" rapporte que L. Vignet est nommé président du Syndicat central des importateurs de charbons de France. 17 janvier : l'amiral Darlan informe H. Worms de l'intention des Allemands d'ouvrir un compte auprès des Services bancaires et au nom de la Kriegsmarine (voir mars). 18 janvier : déréquisition du navire "Le-Trait".

Février : prise de contrôle des sociétés minières du Sarladais et de Saint-Lon-les-Mines qui exploitent un gisement de lignites. 1er février : à la suite de pressions exercées par l'Allemagne en vue d'acheter du minerai de molybdénite, la Maison saisit le Comité d'organisation des mines et minerais auprès duquel elle argue que Le Molybdène n'est pas maître de sa production. 6 février : création de la Société de courtage maritime et d'études, Socomet, pour poursuivre les activités de la Socap, dont elle a acquis le fonds de commerce. 9-10 février : succédant à Pierre-Étienne Flandin, qui a remplacé Pierre Laval en tant que vice-président du Conseil, l'amiral Darlan est chargé de constituer un nouveau gouvernement, il conserve le portefeuille de la Marine et s'attribue les Affaire étrangères ainsi que l'Intérieur. 13 février : procuration à Raymond Meynial, constitué comme mandataire d'Hypolite Worms, de Jacques Barnaud et de la société Worms et Cie. 21 février : réquisition du navire "La-Mailleraye" par les autorités allemandes. 22-24 février : la presse se fait l'écho et amplifie la rumeur concernant le complot synarchique à l'occasion - notamment - de la formation du gouvernement de l'amiral Darlan et de la nomination - entre autres - de Pierre Pucheu (qui fut président-directeur général des Établissements Japy Frères de novembre 1940 à février 1941) au poste de secrétaire d'État à la Production industrielle et de celle de Jacques Barnaud à la Délégation générale aux relations économiques franco-allemandes. Février-mars : le Dr Hettlage invite à Berlin G. Le Roy Ladurie qui « prend au dernier moment un prétexte pour ne pas partir » ; dans le train, le contrôleur von Ziegesar se fait voler ses dossiers par la Gestapo.

Mars : retour en France de Gladys Worms qui résidait auprès de sa famille en Angleterre depuis le début des hostilités. Von Ziegesar impose à la Maison d'exécuter les opérations bancaires de la Kriegsmarine à laquelle G. Le Roy Ladurie refuse d'ouvrir un compte. Détention de près de 30% du capital de la Société des machines agricoles Puzenat. 4 mars : sommation est faite aux ACSM de reprendre la construction du sous-marin "L'Africaine", la direction objecte que des négociations franco-allemandes sont en cours à Wiesbaden. Déréquisition du "Pontet-Canet". 15 mars : ouverture d'une succursale à Tours, dépendant de celle de Nantes. Demandes de plusieurs firmes allemandes à être livrées en molybdénite, auxquelles il est répondu que la production est réquisitionnée. 17 mars : réquisition du "Mérignac". Mars-juillet : arraisonnement par la Marine britannique des navires de la NCHP, "Ville-de-Majunga", "Ville-de-Tamatave", "Ville-de-Rouen" et "Bourbonnais". 29 mars : création du Commissariat général aux questions juives.

Avril-juin : voyage d'étude de Raymond Meynial en Afrique du Nord auprès de la société Le Molybdène, notamment, dont l'activité est réorientée vers la production et la commercialisation des minerais de cuivre (les galeries de la mine d'Azzeggour servent à cacher des armes et munitions). Ouverture de la succursale bancaire d'Alger que dirige Lucien Guérin. 15 avril : ouverture (officieuse) d'une succursale à Landerneau. Augmentations de capital de la Compagnie charbonnière de manutentions et de transports (16 avril-26 juin), de la Société privée de réescompte (17 avril) et de la Société de courtage maritime et d'études (22 avril).

14-15 mai : face aux dangers que fait courir à la société Le Molybdène sa résistance aux injonctions allemandes, le Comité d'organisation des mines et minerais lui donne son accord pour qu'une offre de quantité limitée (25 tonnes) soit faite, sous réserve de l'accord des gouvernements français et marocain. 19 mai : mort de Jean Coutrot, « présenté comme l'animateur sinon le chef du "mouvement synarque" » que les proches de Laval et le Dr Martin utilisent pour accréditer la rumeur d'un complot fomenté par le "trust" Worms. 23 mai : perte du "Capitaine-Damiani" (SFTP). 23 mai-1er juillet : participation à la création de la Société franco-continentale d'importation et d'exportation (Cimpex).

Juin : entretien de G. Le Roy Ladurie avec le Dr Hettlage qui lui apprend que von Ziegesar va être prochainement remplacé par un commissaire-gérant « moins conciliant » et que la Deutsche Treuhand und Revisionsgesellschaft (fiduciaire allemande) a été missionnée pour expertiser les activités de la Maison, laquelle risque par ailleurs d'être liquidée au profit du trust Goering. Refus du gouvernement français d'accorder à la Commerzbank que lui soit cédée la Société privée d'études et de banque (entreprise créée par la Maison Worms dans le but de lui confier les opérations de bourse). Octroi consenti à la société Le Molybdène par la succursale bancaire d'Alger d'une avance de 1.000.000 F (suivie par une seconde de 2.000.000 F) en vue de financer le stock de molybdène (dont la plus grande partie a été dissimulée aux autorités allemandes) et de permettre à la société de transférer son exploitation sur la production du cuivre. 4 juin : transformation de la Société de courtage maritime et d'études en société anonyme. 9/17 juin : vérification des comptes de la succursale du Havre par la Banque de France. 11-18 juin : premières notes fournies par la Maison sur ses activités et ses participations aux fins de documenter l'enquête menée par les experts de la Deutsche Treuhand und Revisionsgesellschaft (banque, ACSM, Société française des distilleries de l'Indochine, sociétés immobilières, Compagnie minière et électrique des Landes et Société minière et électrique des Landes, Société des produits chimiques des Terres Rares, Félix Potin, Société nationale du Cameroun, Société industrielle et minière du Nord et des Alpes, Air France, UEFEN, Scane, activités maritimes, assurances, Services charbons et la Compagnie charbonnières des appontements de Bassens et de Lagrange, Établissements Japy Frères, Le Molybdène, Manufacture centrale de machines agricoles C. Puzenat, Société tunisienne de l'hyperphosphate Réno) ; cette première série de notes sera complétée par une seconde en date du 12 décembre 1941 (Société française d'entreprises de dragages & de travaux publics, Société française des sablières, Estrellas mining finance corporation et Compagnie minière coloniale). 14 juin : acceptation par le groupe Otto Wolff de l'offre portant sur 25 tonnes de concentré de molybdénite. Création de la Société d'études et d'exploitations minières. 16 juin : augmentation du capital de la Compagnie du gaz de Mulhouse. 23 juin : création du département minier de Worms & Cie dont la direction est confiée à Jean Cantacuzène (cf. la constitution de la Société d'études et d'explorations minières (Setem), et la reprise de la Société des mines de Charrier). 27 juin : nomination du Freiherr von Falkenhausen comme commissaire de Worms & Cie en remplacement de Wilhelm Beines von Ziegesar. Fin juin : afin de contrer le Dr Hettlage, qui désire obtenir la cession des parts de commandite Goudchaux à la Commerzbank, G. Le Roy Ladurie lui indique que, si une prise d'intérêt est inévitable, la préférence sera donnée à la Commerzbank, mais au prix de la démission collective des cadres et du personnel de la Maison.

1er juillet : entrée en fonction de Falkenhausen, appartenant à la Deutsche Bank, franchement antinazi et peu intéressé par sa mission. Enquête approfondie du 2ème bureau de la Marine sur le groupe Worms suspecté d'avoir « toujours commandité un véritable espionnage de l'Angleterre en France » (lien avec les « révélations » sur la synarchie). 6-11-22 juillet 1941 : bombardements par les Alliés de la ville et des chantiers du Trait (qui emploient près de 1.100 personnes). 17 juillet : rumeur au sujet d'une entente occulte entre les banques Worms et Lazard voulue par les capitalistes anglo-américains. Extension de l'activité d'Huilcombus à tous les combustibles utilisables pour l'alimentation des moteurs fixes et mobiles et spécialement ceux équipant des véhicules à gazogène. 17 juillet-18 août : augmentation de capital de la Société minière et électrique des Landes. 18 juillet : nomination de Pierre Pucheu en tant que secrétaire d'État à l'Intérieur, puis ministre de l'Intérieur (11 août) ; nombre d'articles de presse le présentent comme un salarié de la Banque Worms, elle-même perçue par certains courants d'opinion comme anglophile et gaulliste. 24 juillet : démission de Pierre Louis-Dreyfus de la SFTP. 29 juillet : pressions exercées sur Le Molybdène afin de hâter la livraison des 25 tonnes de molybdénite. Juillet-août : rumeur selon laquelle la Maison soutiendrait l'attentisme sous le couvert d'une collaboration réduite aux affaires.

6 août : ayant renoncé à toute rémunération de la Maison depuis qu'il occupe des fonctions au gouvernement, J. Barnaud ne prend pas part à la distribution de bénéfices de l'exercice 1940-1941. 12-31 août : bombardements des chantiers du Trait. Parution de nombreux articles sur la Banque Worms et le complot synarchique. 26 août : des perquisitions sont effectuées au siège de la Maison par les autorités allemandes ; P. Laval refuse une invitation de G. Le Roy Ladurie à dîner. 27 août : attentat contre Laval et Marcel Déat à Versailles, l'amalgame entre cet événement et l'incident de la veille est fait par certains.

8 septembre : cotation sur le marché de Paris des obligations 5,5% de la Société française de transports pétroliers - SFTP, émises par Worms & Cie en janvier 1939. 16 septembre : accord franco-allemand relatif aux constructions navales en zone occupée. 17 septembre-3 novembre : rachat des actions de la Société française des transports pétroliers détenues par la Louis-Dreyfus & Cie et par Pierre Louis-Dreyfus en vue d'éviter la mainmise des Allemands sur ces titres. 23 septembre : propagation de la rumeur sur le complot synarchique dans les milieux politiques, et sur le judéo-gaullisme dans les journaux collaborationnistes. 29 septembre : réorganisation financière de la Société des mines de Charrier. 30 septembre : le bilan des Services charbons fait état d'investissements importants dans des activités de remplacement - en zone occupée principalement : exploitation de foresteries (bois de chauffage ou de carbonisation) dans l'Orne, l'Yonne et les Landes notamment, bois d'oeuvre à Bordeaux, rachat d'une usine de carbonisation à Haut Mauco (Landes) et participation à la construction d'une seconde usine à Chateauvillain (Haute-Marne), achat de scieries à Tours et à Chemillé sur Dôme ; production de tourbe sèche à Crossac (Loire-Atlantique) qui compte 250 ouvriers et s'ajoute à celles de Brennilis et Tremaouezan (Bretagne), Beaugeois (Maine-et-Loire) et Chantemerle (Charente) ; vente des poêles à bois Turpin, des chaudières Velleda, des fours à carbonisation Turpin, de carburants solides aux gazogènes, installation de gazogènes sur camions et automobiles. Septembre-octobre : projet de réorientation de la société Le Molybdène dans l'exploration de ses gisements de cuivre afin de délaisser la production inopportune de la molybdénite.

Octobre : tensions accrues entre Vichy et Londres, rupture imminente des relations diplomatiques entre l'Égypte et la France, menaces de mise sous séquestre de certains biens français, pour ces raisons, Pierre Grédy décide de céder provisoirement la direction de la succursale de Port-Saïd à son sous-directeur anglais, Stanley Acfield, et de rentrer en France. 3 octobre : maîtrise d'oeuvre pour la poursuite de la construction du sous-marin "La-Favorite", du ravitailleur d'escadre "Charente" et du sous-marin "L'Africaine", assumée par les autorités allemandes. 8 octobre : refus opposé par la commission d'armistice aux demandes de l'Allemagne en molybdène, plomb et manganèse. 8-9 octobre : la propriété des ravitailleurs d'escadre "Mayenne" et "Baïse" est rendue à la Marine nationale, et notification est adressée aux Chantiers du Trait d'avoir à reprendre, pour le compte allemand, la construction de "L'Africaine". 15 octobre : ouverture (officieuse) d'une succursale à Angers. 17 octobre : le gouvernement français, d'accord avec la Commission d'armistice franco-italienne, décide de fournir à l'Italie 5 tonnes de minerai de molybdénite, le fournisseur désigné est la société Le Molybdène (cette livraison ne sera jamais effectuée). 27 octobre : annonces de la cotation en bourse des actions ordinaires et de priorité des Établissements Japy Frères et de l'augmentation de capital des Entreprises Albert Cochery.

24 novembre : accord des gouvernements français et allemand sur la livraison à l'Allemagne de 20 tonnes de molybdénite. 25 novembre-25 décembre : augmentation du capital des Entreprises de grands travaux hydrauliques.

4-12 décembre : entrée de la Maison, de concert avec la Société française des charbonnages du Tonkin, dans le capital de la Société des tourbières de l'Essonne, qui est transformée en SARL. 7 décembre : attaque de Pearl Harbor - la guerre devient mondiale, sur terre et sur mer. 7-8 décembre 1941 : "Sauternes" se perd par gros temps au large des îles Féroé. 8 décembre : annonce de la cotation en Bourse de Paris de la société d'assurances La Préservatrice. 10 décembre : prise de contrôle de la Société des peintures Astral-Celluco, dont le capital est réduit, puis augmenté. 24 décembre : fondation de la Compagnie centrale d'exploitation forestière. Fin décembre : prise de contrôle de la Société des mines de Montmins qui exploite dans le département de l'Allier un gisement de tungstène. Le total des ventes de charbon de la Maison en France, durant l'année, s'établit à 170.000 tonnes de charbon, soit 9% du total de 1938.Au cours de l'année, les Services bancaires ont organisé l'absorption de la Société française des peintures et Vernis par les Établissements LCH, acquis une participation dans la Société générale des Terres grasses et souscrit à l'augmentation de capital de la Société d'approvisionnement pour le chauffage central. La succursale de Port-Saïd a été désignée par le gouvernement hollandais comme déléguée pour le Moyen-Orient du Netherland Shipping & Trading Committee : la flotte commerciale hollandaise est ainsi entrée dans la clientèle de même que celle de Turquie.

1942
Début d'année : augmentation de capital de la Société générale des matières grasses. 8 janvier : perte du "Jumièges". 10 janvier : transformation de la Société privée d'études et de banque en Société d'études privées. 13 janvier : prescription par le département des Affaires étrangères d'un envoi de 25 tonnes de minerai de molybdène en France.

4 février : ordre est donné à la société Le Molybdène au Maroc de livrer 25 tonnes de molybdénite à Marseille. 16 février : reprise par les ACSM, sous de nouvelles menaces allemandes, de la construction du sous-marin "L'Africaine". 19 février : ouverture du procès de Riom ayant pour but de juger les responsables politiques de la défaite de 1940.

2 mars : réquisition du "Lussac" par les autorités allemandes. 14 mars : signature à Paris d'une convention permettant à la société Le Molybdène de se consacrer à la production et à la commercialisation de minerais de cuivre grâce à une aide de l'État. 25 mars : important bombardement du Trait. 27 mars : premier convoi de déportés juifs de France en direction d'Auschwitz.

Avril : rapport sur Worms & Cie remis au Conseil national de la Résistance. 17 avril : démission de l'amiral François Darlan. Refus d'H. Worms de réintégrer P. Pucheu dans ses anciennes fonctions. 18 avril : selon la volonté d'Hitler, Pétain signe l'acte constitutionnel n°11 créant la fonction de chef de gouvernement, et attribue celle-ci à Pierre Laval qui prend en outre les Affaires étrangères, l'Information et l'Intérieur. L'amiral Auphan est nommé ministre de la Marine, Jacques Le Roy Ladurie (frère de Gabriel) à l'Agriculture, Jean Bichelonne à la Production industrielle, Paul Marion à l'Information. 29 avril : venue au siège de la Maison d'un inspecteur de police auquel sont remis des renseignements sur les gérants et les commanditaires.

12 mai/22 juin : Laval décide l'envoi de travailleurs en Allemagne en échange de prisonniers de guerre, J. Barnaud prévient le Dr Michel (chef du département économique de l'administration militaire) contre les risques psychologiques de cette mesure. 12-13 mai : organisation des sociétés d'investissement basées au Canada et à New York. 29 mai-15 juin : augmentation de capital des Ateliers Moisant Laurent Savey ; cotation des titres de la Société minière et électrique des lampes sur le marché de Paris.

2ème semestre : investissement dans la Société marocaine d'études et d'explorations minières et dans la Société des mines de Sidi-Kamber.

15 juin-14 décembre : augmentation de capital de la Société de produits chimiques des terres rares. 19 juin : augmentation de capital de la Société française des sablières. Juin-juillet : émission d'obligations par la Société française de transports pétroliers.

7 juillet : organisation de la succursale de Bayonne et de ses antennes à Pau, Tarbes, Lannemezan... en regard de l'augmentation des tâches administratives imposées par les Comités d'organisation et les organismes publics. 16-17 juillet : rafle du Vel' d'Hiv'. 19 juillet-20 août : nouvelle augmentation de capital de la Société française des sablières. 23 juillet : rapatriement forcé après 18 mois de discussion de la contre-valeur de 7 millions de bons du Trésor néerlandais, demande de rachat par les Allemands de l'immeuble de Dantzig, appartenant à Wester Financiering Maatschappij, filiale de Worms & Cie.

Août : libération du colonel François Michel (interné par la Gestapo depuis juin 1941) grâce à l'intervention de G. Le Roy Ladurie notamment. 6-8 août : ouverture d'une agence de consignation de navires à Tunis ; refus de la Maison de vendre l'immeuble de Dantzig (6 août). 14 août : ouverture à la demande de la Commerzbank, d'un crédit à Struever & Cie. 20 août-17 décembre : pendant 7 mois la succursale du Havre retarde un chargement de mobilier destiné à l'Allemagne à bord d'un navire qui finalement partira à vide. 24 août : violent bombardement du Trait. 27 août : les critiques de Laval à l'encontre de Jacques Le Roy Ladurie suscitent la venue à Vichy de son frère, Gabriel.

Septembre : bilan d'Henri Du Moulin de Labarthète sur l'activité au sein du gouvernement de Jacques Barnaud, François Lehideux, Pierre Pucheu, Paul Marion et Jacques Benoist-Méchin ; Raymond Meynial rend visite à Amsterdam au commissaire de la Wester Financiering qui lui confirme la réquisition de l'immeuble de Dantzig. 4 septembre : promulgation de la première loi à l'origine du départ forcé de 600.000 hommes en Allemagne. 11 septembre : Jacques Le Roy Ladurie démissionne du poste de ministre de l'Agriculture. 15 septembre-22 décembre : doublement du capital social de La Préservatrice-Vie. 21-28 septembre : augmentation de capital de la Société des peintures Astral-Celluco.

Octobre : Raymond Meynial se rend en Afrique du Nord et arrête une seconde livraison de 35 tonnes de molybdénite exigée par les Allemands. 15 octobre : établissement d'une succursale à Agen. 16 octobre : ouverture d'un crédit à la demande de la Commerzbank, pour le compte de Baumann & Cie. Fin octobre : création d'une succursale des Services bancaires à Alger.

Novembre-15 décembre : réorganisation des Établissements Fournier-Ferrier (Marseille) dont l'activité est bloquée depuis 1939 par un contentieux avec l'un de ses actionnaires, la Société générale des matières grasses, et dont le commissaire Falkenhausen demande de réserver une part aux Établissements Henkel, de Düsseldorf. 8 novembre : débarquement allié en Afrique du Nord, tous les bateaux qui s'y trouvent sont pris en charge par les Forces françaises libres d'Alger ; réquisition par les Allemands de la quasi-totalité des navires de commerce se trouvant dans les ports français de Méditerranée (accords Laval-Kaufmann) ; perte du "Ville-du-Havre" (NCHP). Olivier de Sèze, commissaire-adjoint auprès de Worms & Cie, décide de rejoindre l'armée d'Afrique du Nord. 11 novembre : invasion allemande de la zone française libre ; J. Barnaud argue auprès de P. Laval et de Ph. Pétain qu'« il n'y a plus de place pour un gouvernement représentant la souveraineté française ». Fermeture du bureau Worms de Vichy. 13 novembre : libération de B. Pathé à laquelle G. Le Roy Ladurie a participé. 14 novembre : naissance de Nicholas Clive Worms, petit-fils d'Hypolite Worms. 17 novembre : Jacques Barnaud démissionne de ses fonctions de délégué général aux relations économiques franco-allemandes. Arrêt des activités des succursales maritimes basées dans le sud de la France. 24 novembre : livraison du sous-marin "La-Favorite" suite à l'incarcération pendant 2 mois de deux responsables des ACSM à titre de sanction pour sabotage, du fait du retard (de près de 2 ans) apporté à la construction de ce navire. 26 novembre : réorganisation des agences de Pau et Agen, fermeture de celle de Landerneau. 27 novembre : près de 90 bâtiments de guerre français se sabordent à Toulon pour ne pas tomber aux mains des Allemands.

Décembre : début de la campagne de Tunisie. La Société d'études et d'exploration minière, qui obtient de reprendre des permis de recherche de molybdène dans le territoire de Belfort, subit des pressions des services allemands du Majestic, de la kommandantur d'Épinal et de IG Farbenindustrie. 11-14 décembre : réquisition des cargos "Fronsac" et "Pontet-Canet". 28 décembre : perte du "Ville-de-Rouen" (NCHP).Au cours de l'année, la Maison est entrée dans le capital de la Compagnie charbonnière de Provence - CCP, située à Toulon et spécialisée dans le négoce de combustibles, ainsi que dans celui de la SA Algéronaphte, basée à Alger et spécialisée dans la distribution des produits pétroliers en Algérie. Elle a vendu 236.000 tonnes de charbon, soit 12% du total de 1938.

1943
Début d'année : perte du "Fronsac" et échouage du "Pontet-Canet". Janvier : bilan de J. Barnaud sur ses fonctions au sein du gouvernement. 11 janvier : défections de personnel dans la fonderie Puzenat de Dompierre-sur-Besbre. 24 janvier : perte du "Ville-de-Majunga" (NCHP). 25 janvier : les Services bancaires procèdent à l'augmentation du capital de la compagnie d'assurance, La Préservatrice-Vie.

8 février : publication d'un avis concernant l'augmentation de capital des Ateliers Moisant Laurent Savey. 15 février : les autorités allemandes révoquent Olivier de Sèze de ses fonctions de suppléant au commissaire-administrateur de la Maison ; stockage clandestin de matériel militaire par Le Molybdène. 17 février : libération de B. des Champs de Boishebert dont G. Le Roy Ladurie a concouru à obtenir la grâce. 22 février : résiliation par la Marine nationale de la commande de quatre sous-marins passée aux ACSM. 23 février : malgré le rejet par G. Le Roy Ladurie d'un accord entre Fournier-Ferrier et Henkel, cette société allemande exerce des pressions durant toute l'année pour entrer dans le capital de cette entreprise, première affaire de savon en France.

Printemps : dernière entrevue entre G. Le Roy Ladurie et le Dr Hettlage. Printemps 1943-1944 : soumission des producteurs de charbon de bois et de bois de gazogène aux impositions allemandes, les Services charbons parviennent à approvisionner la Croix-Rouge, le Secours national et l'Assistance publique.

Mars : prise de participation dans la société Noël Ernault ; reprise des Ateliers de constructions mécaniques et d'outillages - Acmo. 1er mars : introduction à la bourse de Paris des obligations SFTP émises entre juillet et août 1942 ; placement de l'emprunt lancé par la Société des téléphones Ericsson. Livraisons de phosphates en Allemagne et en Hongrie par la Société tunisienne des hyperphosphates Réno. 8 mars : émission d'un emprunt obligataire par les Établissements Japy Frères. 23 mars 1944 : réquisition allemande du "Condé" (NCHP). 31 mars : fermeture de l'agence de Pau.

Avril : augmentation de capital des Ateliers Moisant Laurent Savey. 12 avril : une partie des opérations sur charbons de la succursale de Toulouse est transférée aux Établissements Lacaze-Treil.

Mai : contrôle par les autorités allemandes de la production de tungstène de la Société des mines de Montmins. 26 mai : développement des Services bancaires d'Afrique du Nord et de l'agence maritime à Alger depuis le débarquement des Alliés.

Juin : la succursale d'Alger est l'objet d'une commission rogatoire émanant du commissaire au Blocus et à la demande de la Maison Blanche, au sujet de l'activité de la Maison dans la société Le Molybdène ; cession de la participation dans la Compagnie minière coloniale. 2 juin-3 juillet : augmentation de capital de des Peintures Astral Celluco. 3 juin : création à Alger du Comité français de libération nationale. 21 juin-juillet : augmentation de capital des Établissements Japy Frères.

Juillet : mise sous séquestre du Consortium maritime tunisien - CMT ; création des succursales Worms de Tunis et de Sfax. 3 juillet : note du service des Mines du Maroc enjoignant au Molybdène de reprendre sans délai l'extraction de molybdénite. 10 juillet-17 août : occupation de la Sicile par les Alliés, arrestation de Mussolini. 15-30 juillet : ordre donné à la Société tunisienne des hyperphosphates Réno par le Comptoir des phosphates de livrer le stock de sa production à la Rohphosphates-Gesellschaft à Hambourg. 27-29 juillet : perte du "Château-Yquem", le "Château-Larose" assure à sa place le ravitaillement de la Corse.

3-7 août : le commandant du "Château-Larose" est informé que rien ne lui sera reproché par H. Worms en cas d'avaries "provoquées", voire d'échouage du navire. 4 août : bombardement des Chantiers du Trait ; livraison de phosphates à la Rohphosphates-Gesellschaft. 10 août : sur un ordre téléphonique de Laval, des policiers se présentent au domicile de G. Le Roy Ladurie pour l'arrêter, mais il s'est absenté. 16 août : émission d'obligations de la Société minière et électrique des lampes.

Septembre : G. Le Roy Ladurie héberge le résistant Paul Bernard, chef du réseau "Alliance". 3-13 septembre : libération de Mussolini par les forces allemandes, proclamation de la République sociale italienne, l'Allemagne occupe les deux tiers de l'Italie. 11 septembre : 9ème bombardement aérien des Chantiers du Trait. 13 septembre : dépôt d'une plainte en escroquerie contre la succursale de Tunis. 15-19 septembre : livraison du ravitailleur d'escadre "Ostfriesland" (ex-"Charente") avec plus de 2 ans de retard.

Octobre : ouverture d'un compte au profit du Rüstungkontor. Prise de participation dans les Entrepôts souterrains d'hydrocarbures. 4 octobre : libération de la Corse. 11 octobre : lancement par les Établissements Fournier-Ferrier d'un emprunt obligataire. 13 octobre-18 décembre : doublement du capital de l'Union d'exportateurs français pour l'Europe du Nord.

20-23 novembre : s'appuyant sur l'ordonnance du 6 octobre 1943 concernant la répression des rapports avec les ennemis et la guerre économique, le commissariat au Blocus décide de poursuivre son enquête sur le rôle de la Maison dans la gestion de la société Le Molybdène, elle-même placée sous contrôle d'un commissaire dont le mandat s'étend aux deux succursales maritime et bancaire d'Alger. 24 novembre : arrestation par la gestapo de Jean-Robert de Voguë dont la condamnation à mort est évitée grâce à l'intervention de G. Le Roy Ladurie. 29 novembre : nouvelle augmentation de capital des Établissements Japy Frères dont une partie est introduite sur le marché de Paris.

Décembre : prise de participation dans les Entrepôts maritimes de la Manche (stockage de pétrole). 14 décembre : service d'annexe assuré par "Château-Pavie" à Madagascar. 17 décembre : J. Barnaud reprend sa place au conseil d'administration d'Air France. 21 décembre : la NCHP décide de doubler son capital. Fin de l'année : échouage du "Ville-de-Majunga" (NCHP) ; à partir de cette période et à plusieurs reprises, le colonel François Michel, membre d'un service de renseignement de la Résistance, reçoit des informations d'ordre politique et militaire de la part de G. Le Roy Ladurie.

Pendant l'année, les Services bancaires ont participé à l'augmentation de capital des grands magasins Au bon marché et ont pris une participation dans la société les Conserveries de Bordeaux. La maison Worms a vendu, en 1943, 183.000 tonnes de charbon, soit 10% du total vendu en 1938. Les seuls établissements bénéficiaires ont été Pau, Agen et Rochefort ; fermeture de l'usine d'agglomérés au Havre ; suspension d'exploitation de diverses tourbières. Achat et cession d'actions de la Société d'approvisionnement pour le chauffage central et de la Compagnie charbonnière de Provence ; entrée de Worms & Cie dans le capital de deux sociétés spécialisées dans le négoce de combustibles : la Société française de combustibles (Le Mans) et les Établissements Carré Richard (Toulon).

1944
Janvier : les Services bancaires procèdent et souscrivent aux augmentations de capital de la Compagnie minière des Vosges (gisement de plomb argentifère dans les Vosges), de la NCHP (5 janvier-5 février), des grands magasins Au Bon Marché (17 janvier-29 février), de la Société centrale des achats pour le nord de l'Europe (20 janvier-15 mars) et de la Société d'études privées (février).

8 février : mitraillage des chantiers et de la ville du Trait.

Mars : placement - en vue de financer la résistance - des bons du Trésor d'Alger remis à G. Le Roy Ladurie par le colonel Navarre. 3 mars/1er avril : réquisition de l'atelier de réparations au Havre par la Kriegsmarine qui prend la direction effective du personnel. 4 mars : livraison par les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime - ACSM d'un chaland-citerne, commandé en juillet 1940. Vers le 7 mars : arrestation par la gestapo de G. Le Roy Ladurie qui est incarcéré à Fresnes pendant 12 jours et interrogé sur ses relations avec la Résistance, la Wehrmacht et les milieux économiques allemands soupçonnés d'opposition au régime nazi. 8 mars-17 août : intervention de G. Le Roy Ladurie en faveur de la libération d'Aimé Lepercq, l'un des principaux dirigeants du réseau de résistance OCM (Organisation civile et militaire). 14 mars : concours financier apporté au groupe de résistants, dirigé par Samuel Théodore Monod, dit Maximilien Vox. 19 mars : exécution de Pierre Pucheu, condamné lors de son procès à Alger (4-11 mars) pour son rôle comme ministre de l'Intérieur du maréchal Pétain. 22 mars : dissolution de la Société franco-continentale d'importation et d'exportation - Cimpex. 28 mars-24 avril : vente de l'immeuble de Dantzig appartenant à la Wester Financiering Maatschappij.

Printemps : Falkenhausen impose aux Services bancaires de tenir un compte pour le Rüstungkontor - service d'achat du ministère de l'Armement allemand.

Avril : remplacement du commissaire surveillant de la Maison Worms en Afrique du Nord, auteur d'un dossier sur Le Molybdène, destiné au Blocus, dans lequel il accuse la Maison d'avoir livré 25 tonnes de molybdène à l'Allemagne et 5 tonnes à l'Italie. 19 avril : le délégué du gouvernement suédois à Alger certifie que les marchandises originaires de l'Afrique française, importées en Suède par l'Union d'exportateurs française pour l'Europe du Nord notamment, n'ont pas été réexportées vers d'autres pays.

Mai : rapport d'enquête sur le groupe Worms émanant d'un auteur anonyme, extérieur à la Maison, qui peut être identifié à la gestapo ou aux services administratifs français. Le colonel François Michel est informé par G. Le Roy Ladurie de l'imminence du lancement par les ACSM d'un sous-marin. Ouverture d'un compte-courant et participation des Services bancaires au capital de la Spot, Société de production d'organes de transmission (Groupe Hubert). 26 mai : transfert de livraison de phosphates par la Société tunisienne des hyperphosphates Réno à la Rohphosphat-Gesellschaft.

Juin : remise au colonel Henri Navarre d'une contribution au financement des organisations de résistance, G. Le Roy Ladurie l'informe de la possibilité d'engager des négociations avec de hautes personnalités allemandes. 6 juin : débarquement allié en Normandie. 13 juin : création de l'Institut du pétrole, des carburants et des lubrifiants, qui deviendra par la suite l'Institut français du pétrole. 15 juin : J. Vinson représente Worms & Cie aux conseils de la Compagnie d'assurances maritimes, aériennes et terrestres, et du Lloyd de France-Vie (groupe La Préservatrice). 20-26 juin : sabordage, dans le port de Marseille, du "Château-Larose", réquisitionné par les autorités allemandes. Juin-juillet : occupation par des militaires et des mineurs allemands de la mine exploitée par la Société des mines de Montmins, en réaction l'installation électrique permettant à l'usine de fonctionner est sabotée. Juin-août : destruction de l'atelier de réparations au Havre.

Juillet : rapport sur la société secrète polytechnicienne dite "Mouvement synarchique d'empire". 3 juillet : placement des obligations de la Société chimique des Bouches du Rhône, filiale de la Société minière et électrique des Landes. 12 juillet : d'un premier bilan, il ressort que les pertes "officielles" de navires Worms par faits de guerre s'élèvent à 5 unités sur 24. 12 juillet-20 novembre : augmentation de capital de la Compagnie industrielle et minière du Nord et des Alpes, société mère de la Société des produits chimiques des terres rares. 13 juillet : bombardement du Trait. 20 juillet : attentat manqué contre Hitler, au lendemain duquel le commissaire Falkenhausen et deux de ses amis (Roechling et von Hofacker) sont kidnappés et vraisemblablement supprimés. Juillet-août : perte du "Lussac".

Août : destruction par les Allemands, avant leur départ du Trait, du sous-marin "L'Africaine", navire prêt à être livré dès juin 1941 ; opposition passive en vue d'éviter la mainmise par l'occupant sur la société Franconed. 5 août : perte du "La-Mailleraye". 7 août : échouage du "Condé" (NCHP). 9 août : ordonnance relative au rétablissement de la légalité républicaine sur le territoire continental. 16 août : les Allemands quittent l'usine de la Société des mines de Montmins. 17-20 août : bataille pour la Seine. 18-30 août : bombardements quotidiens des Chantiers et de la commune du Trait. 24-26 août : libération de Paris, G. Le Roy Ladurie intervient pour obtenir la capitulation sans combat d'un îlot de résistance allemande et rencontre secrètement le général von Scholtitz. 30 août : entrée au Trait des troupes canadiennes, le sous-marin "L'Africaine" ainsi que 3 cargos commandés par la Kriegsmarine sont redressés et remis sur cale.

Septembre : après les attaques des journaux collaborationnistes entre octobre 1940 et le début août 1944, la Maison est l'objet d'une nouvelle campagne émanant - cette fois - de la presse résistante et pro-gaulliste : elle est présentée comme ayant exercé une influence occulte sur les gouvernements de Vichy ou comme agent essentiel de ces gouvernements, son chef serait l'inspirateur d'une politique de collaboration réduite aux affaires pour masquer une politique attentiste. Évaluation des pertes des Services combustibles et maritimes ainsi que des Chantiers du Trait. 5 septembre : libération d'Anvers, réouverture de la succursale Worms ; rapport de l'attaché militaire américain, à Alger, sur le complot synarchique, bilan des activités des ACSM pendant les 50 mois d'occupation. 7 septembre : arrestation d'H. Worms à 9 h du matin ; deux inspecteurs de police le conduisent dans un commissariat du 7ème arrondissement où il subit deux interrogatoires. 8 septembre : H. Worms est libéré à 16 h. Puis, à 22 h, il est à nouveau conduit dans ce même commissariat où il est maintenu en état d'arrestation. G. Le Roy Ladurie est également appréhendé. 11 septembre : témoignage spontané de Michel François, réseau Alliance, en faveur de G. Le Roy Ladurie (voir août 1942). 12 septembre : H. Worms est transféré à Drancy, puis à la préfecture de police, et ramené à Drancy où il est détenu pendant deux jours. A cette même date, Gaston Bernard est commis, aux fins d'expertise, dans le dossier "ministère public contre H. Worms et G. Le Roy Ladurie" par le juge d'instruction Georges Thirion ; afin de documenter les investigations de cet expert comptable, la Maison va lui adresser au cours des mois suivants, de nombreuses notes retraçant l'évolution des activités de ses départements et filiales, depuis l'origine et durant l'occupation. 13 septembre : G. Le Roy Ladurie démissionne de la direction des Services bancaires. Robert Labbé, qui occupait le poste de fondé de pouvoirs général de la Maison, est nommé associé gérant, et Raymond Meynial qui occupait le poste de directeur adjoint des Services bancaires, est désigné comme gérant statutaire. Guy Brocard devient directeur des Services bancaires. 14 septembre : H. Worms est conduit à Fresnes où il est incarcéré jusqu'à sa mise en liberté provisoire le 21 janvier 1945. J. Barnaud démissionne de ses fonctions d'associé gérant de la Maison et, peu après, de ses postes d'administrateur dans les sociétés, NCHP, SFTP, Air France... 15 septembre : H. Worms apprend que G. Le Roy Ladurie est écroué dans une cellule voisine de la sienne et que, arrêté le même jour que lui, il a « échoué là après diverses péripéties ». 16-22 septembre : reprise de contact avec les succursales en France et évaluation des premières pertes et destructions. 18-20 septembre : enregistrement des modifications apportées à l'acte social de Worms & Cie. 19 septembre : H. Worms et G. Le Roy Ladurie sont convoqués à la préfecture de police par le commissaire Pérez qui leur notifie leur inculpation pour « atteinte à la sûreté extérieure de l'État » sous forme de commerce avec l'ennemi - les ACSM sont soupçonnés d'avoir livré des sous-marins à la Kriegsmarine et les Services bancaires d'avoir collaboré avec des banques allemandes. Des perquisitions sont menées en présence d'H. Worms et de G. Le Roy Ladurie au 45, bd Haussmann et à leurs domiciles respectifs. 23 septembre : interrogatoire d'identité, au quai des Orfèvres ; les deux hommes sont formellement inculpés et placés sous mandat de dépôt par le juge Thirion. 24 septembre : ils sont transférés de la section des prévenus au quartier "politique" de la prison de Fresnes ; première des notes manuscrites échangées jusqu'en décembre 1945, entre H. Worms, R. Meynial et R. Labbé sur différentes questions intéressant le déroulement de l'instruction (préparation des interrogatoires et des documents de synthèse, état d'esprit du chef de la Maison...) et la poursuite des activités de la société. 25 septembre : nécessité, après 4 années d'interruption, de reprendre contact avec les succursales de Port-Saïd et de Suez qui ont rendu « d'énormes services aux Alliés en facilitant le trafic à travers le Canal, principalement au moment de la bataille d'Égypte ». 26 septembre : premier interrogatoire d'H. Worms, assisté par Maître Lénard et Maître Poignard, sur sa formation, sa situation familiale et militaire, ses missions durant la guerre, l'activité de la Maison pendant l'occupation et les relations avec les Allemands. 27 septembre : premier interrogatoire de G. Le Roy Ladurie (assisté par Maître Bizos) sur ces mêmes sujets.

Octobre : les Américains retirent les opérations de manutention aux entreprises locales à Marseille et au Havre. 1er octobre : H. Worms précise qu'il est en cellule avec G. Albertini. 4 octobre : Renault est placé sous séquestre. 5 octobre : H. Worms reçoit la visite d'une mission américaine. 7 octobre : mise sous séquestre des unités commandées par les Allemands aux ACSM. 13 octobre : note n°1 de l'expert-comptable Gaston Bernard au juge Thirion ; consacrée aux ACSM, elle stipule que « ce n'est que sur l'ordre du gouvernement français, en exécution des accords de Wiesbaden, et sous la pression allemande que les Chantiers du Trait ont poursuivi, pour le compte de l'Allemagne, une partie des constructions en cours au 25 juin 1940 ; ils ne l'ont fait qu'après avoir attiré l'attention du gouvernement français sur la gravité que pouvait revêtir la livraison de matériel de guerre à l'occupant... Au total, trois bâtiments seulement furent livrés aux Allemands... Les autres (un sous-marin, trois chalands et trois petits cargos) continués ou commencés après l'armistice se trouvaient encore sur cale en septembre 1944. Ceci fait évidemment ressortir une production faible pour la période 1940-1944. M. Worms déclare qu'elle est le résultat d'un sabotage systématique et d'une politique qui aurait consisté à s'approvisionner au maximum et à construire au minimum. » Note de G. Le Roy Ladurie sur l'action publique qui lui a été attribuée et sur le prétendu rôle politique de la Maison. 17 octobre 1944 : 2ème interrogatoire d'H. Worms, les questions du juge Thirion visent essentiellement à établir si la Maison a entretenu ou non des liens avec des membres du gouvernement de Vichy. 18 octobre : ordonnance sur la confiscation des profits illicites ; 2ème interrogatoire de G. Le Roy Ladurie, il est entièrement consacré à son entregent professionnel et privé : relations avec les autorités allemandes, des personnalités politiques françaises, des membres de la Résistance ; témoignage de B. Pathé en faveur de Gabriel Le Roy Ladurie (voir 13 novembre 1942). 20 octobre : audition des deux ingénieurs des services techniques de la Marine nationale, chargés de la surveillance des chantiers navals français et de celui du Trait en particulier. 21 octobre : audition du colonel Henri Navarre (voir mars/juin 1944). 23 octobre : audition du colonel François Michel (voir août 1942, décembre 1943). 24 octobre : audition du directeur des chantiers navals du Trait. 26 octobre-8-11 février 1945 : commission rogatoire aux fins d'enquête sur l'attitude générale des ACSM pendant l'occupation. 28 octobre : 12 navires sur les 24 composant la flotte Worms avant-guerre sont réputés perdus. 30 octobre : création du Syndicat professionnel des employés charbonniers.

3 novembre : audition de Samuel Théodore Monod, dit Maximilien Vox (voir 14 mars 1944). 5 novembre : témoignage de Bernard des Champs de Boishebert (voir 17 février 1943). 7 novembre : création de l'Association technique de l'importation charbonnière - Atic ; note n°2 de l'expert-comptable Gaston Bernard concernant les opérations effectuées par la Maison dans le cadre de son activité bancaire ; G. Thirion transmet au Parquet une demande de mise en liberté provisoire d'H. Worms et G. Le Roy Ladurie, il lui est répondu « que des révélations [viennent] d'être faites sur l'activité de la Maison Worms par un administrateur judiciaire qui se trouv[e] à Alger au Service du blocus ». 8 novembre : audition d'Aimé Lepercq (voir 8 mars 1944). 8-10 novembre : organisation des transports maritimes entre juin 1940 et juin 1944 ; reprise du trafic maritime. 11 novembre : la Maison s'oppose à l'extension à la métropole de l'arrêté pris à Alger, le 23 novembre 1943, par le Comité provisoire de la libération nationale (affaire du Molybdène), qui a conduit à placer les deux succursales maritime et bancaire de la Maison sous le contrôle d'un commissaire surveillant. 13 novembre : réorganisation de la succursale de Marseille, situation des établissements maritimes en France et à l'étranger, état de la flotte..., reconstruction des Chantiers du Trait. 14 novembre : audition de l'administrateur judiciaire, chargé des services de Guerre économique et de Blocus à Alger, entre mars et juillet 1944, au sujet d'un dossier ouvert par la direction du Blocus à Alger et au Maroc sur le Groupe Worms et Le Molybdène, et de la poursuite d'une enquête à Paris pour déterminer si Le Molybdène a effectué ou non une vente directe de 25 tonnes de concentré aux Allemands ou si ces derniers lui ont imposé cette vente. 15 novembre : perquisition au siège parisien de la société Le Molybdène ; services rendus par la Maison depuis le débarquement en Afrique du Nord. 16 novembre : interrogatoires d'H. Worms et de G. Le Roy Ladurie sur Le Molybdène et le pouvoir de gestion supposé de la Maison au sein de cette filiale, H. Worms précise que, contrairement aux autorités françaises, le gouvernement britannique n'a jamais suspecté la société ; les deux hommes déposent une demande de mise en liberté provisoire. 17 novembre : audition des responsables du Molybdène, de l'inspecteur général des Mines et de R. Meynial. 18 novembre : le juge Thirion transmet au Parquet les demandes de mise en liberté, il lui est répondu que la commission de justice du Comité national de la résistance - CNR a décidé un complément d'enquête sur les filiales et participations de la Maison et que H. Worms et G. Le Roy Ladurie feront l'objet d'une mesure d'internement administratif si la mise en liberté provisoire leur est accordée ; travail à plein de la Maison d'Égypte grâce au Ministry of War Transport. 20 novembre : note n°3 de G. Bernard, elle concerne Le Molybdène ; communication au procureur général près la Cour d'appel de Paris des renseignements détenus par le CNR au sujet de l'activité économique de la Banque Worms dans ses rapports avec l'ennemi. 22 novembre : élaboration par H. Worms d'un nouveau système de défense maintenant que l'« affaire [est passée] sur le plan politique », il a notamment l'intention de diffuser « un résumé très précis et très objectif du "cas Worms"... pour attirer l'attention et éviter, écrit-il, que ce qui nous reste d'amis ne finisse par nous croire un peu coupables, devant la lenteur de notre mise en liberté ». 23 novembre : interrogatoire de G. Le Roy Ladurie, qui, après avoir souligné un certain nombre d'inexactitudes flagrantes dans la lettre du CNR, élève la protestation la plus vive contre l'intrusion d'un organisme sans mandat ni caractère légal dans une information judiciaire, dans ces circonstances, il déclare « retirer [sa] demande de liberté provisoire du 16 novembre 1944 ». 25 novembre : interrogatoire d'H. Worms qui, après avoir rectifié un certain nombre d'erreurs dans la lettre du CNR, se déclare indigné par l'intrusion de cet organisme dans une information judiciaire et « retire la demande de mise en liberté provisoire déposée entre [les] mains [du juge] en date du 16 novembre 1944 », H. Worms complète sa déposition par un exposé sur la politique de gestion suivie par la Maison à l'égard de ses filiales ; interrogatoire d'H. Worms et de G. Le Roy Ladurie au sujet des Établissements Japy Frères. 28 novembre : audition du président du conseil d'administration des Établissements Japy Frères. 29 novembre : audition du directeur général de Japy Frères et d'un chef de service désigné par le personnel comme président du Comité d'épuration de cette entreprise. 30 novembre, 16-17 et 25 janvier 1945 : commission rogatoire aux fins d'enquête sur l'attitude générale des Établissements Japy Frères pendant l'occupation.

Décembre : reconstruction des Chantiers du Trait. 2 décembre : interrogatoires d'H. Worms et de G. Le Roy Ladurie concernant les participations de la Maison dans la société Puzenat, et la Société tunisienne des Hyperphosphates Réno ainsi que les relations de cette dernière avec les Allemands ; audition de Ghislaine de Voguë (voir 24 novembre 1943). 4 décembre : audition du délégué de la direction du Blocus à Alger sur Le Molybdène. 6 décembre : dépositions de R. Labbé sur les Services charbons et les Services maritimes, et du directeur général des Services charbons. 7 décembre : dépositions du directeur général de la SFTP, du directeur général de la NCHP, du directeur général des Services maritimes ; rapport de visite en Angleterre du sous-directeur de la succursale de Marseille qui indique avoir fait à ses correspondants la déclaration suivante : « En ce qui concerne l'activité bancaire de la Maison Worms, il ressort des statistiques de la Banque de France que le montant des opérations de crédit concernant des affaires allemandes auxquelles elle a dû se livrer, comme toutes les autres banques françaises, n'a pas dépassé 1,5% du montant total des opérations de cette nature faites par les banques parisiennes et 0,60% des opérations faites par l'ensemble des banques françaises. » 8 décembre : interrogatoires d'H. Worms et de G. Le Roy Ladurie relativement aux opérations de commerce que la Maison aurait traitées avec l'ennemi par l'intermédiaire de deux de ses filiales travaillant avec l'Europe du Nord : l'Union des Exportateurs français pour l'Europe du Nord (UEFEN) et la Société centrale d'achats pour l'Europe du Nord (Scane). 13 décembre-mai 1946 : nationalisation des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais. 20 décembre : demande de mise en liberté provisoire d'H. Worms et de G. Le Roy Ladurie, démonstration de l'inanité des charges portées contre eux ; remise au juge Thirion par un certain Latourette d'une note listant les sociétés dont la Maison aurait le contrôle en France et en Indochine. 22 décembre-6 février 1945 : commission rogatoire concernant le département minier (rapport d'inspection et déclarations de divers employés de la Société des Mines de Montmins et de la Société des Mines du Charrier). 27 décembre : déposition du fondateur de la Compagnie sétoise de produits chimiques. 29 décembre : note n°4 de Gaston Bernard au juge Thirion, elle porte sur les sociétés : Japy et Puzenat.La Maison a vendu, en 1944, 112.000 tonnes de charbon, soit 6% du tonnage de 1938... La somme de ses ventes pendant les 4 années d'occupation (1.197.000 tonnes) représente 65% du total de 1938.

1945
Janvier : augmentation de capital des Entreprises de grands travaux hydrauliques. 3 janvier : la direction des Mines soumet à la signature du ministre de la Production industrielle un rapport destiné aux services du Blocus dégageant complètement la société Le Molybdène des responsabilités qui lui étaient imputées - sans entraîner toutefois l'annulation de l'arrêté du 23 novembre 1943 concernant la Maison ; déposition de Jean Nelson-Pautier, administrateur de la Société tunisienne des Hyperphosphates Réno, sur laquelle sont entendus, le lendemain (4 janvier), H. Worms, G. Le Roy Ladurie et le directeur général de cette société. 4 janvier-13 février : exécution de la commission rogatoire concernant la société Puzenat. 6 janvier : ordonnance sur la confiscation des profits illicites. 8 janvier-6 février : commission rogatoire sur le département minier (Société des mines de Montmins et Société des mines du Charrier). 9 janvier : dépôt au Parquet par le juge Thirion de la demande de mise en liberté provisoire signée par H. Worms et G. Le Roy Ladurie le 6 janvier. 16-25 janvier : commission rogatoire (en date du 30 novembre 1944) relative aux Établissements Japy Frères. 21 janvier : mise en liberté provisoire d'H. Worms et G. Le Roy Ladurie, qui sont assignés en résidence surveillée. Le premier s'installe à Bourbon-Lancy tandis que le second s'engage comme maréchal des logis au 3ème Spahis marocains de la division Leclerc.

4-11 février : conférence de Yalta entre Churchill, Staline et Roosevelt - démilitarisation de l'Allemagne dont le territoire est découpé en 3, puis 4 zones d'occupation. 10 février : commission rogatoire (en date du 26 octobre 1944) concernant les ACSM ; remise sur cale du sous-marin "L'Africaine" ; en prévision de la reconstruction du Trait, R Labbé envoie P. Abbat visiter des chantiers navals anglais, américains et scandinaves ; se fait jour la nécessité de constituer ce département en une société distincte mieux à même de financer la modernisation de ce site industriel.

6 mars : H. Worms se déclare opposé à l'adjonction à la branche charbons d'un service bois tant la disparition de ce combustible lui semble inévitable après la guerre ; préparation de la reprise des lignes sur l'Angleterre, Marseille-ports du Nord et Bordeaux-Hambourg. 22 mars : projet de protestation de la NCHP auprès de la Marine marchande « contre le fait que seules les Messageries (contractuelles et libres) exploitent actuellement le trafic de Madagascar et de la Réunion » ; organisation de l'aviation civile - rôle joué en 1944 par H. Worms et J. Barnaud dans la liaison entre Air France et les Chargeurs réunis ; nécessité de renforcer la position de la Maison « du côté des charbons de la Sarre, Ruhr, Hollande et Belgique » et de garder le contact avec les Anglais ; étude sur les conditions de transfert de l'exploitation des Chantiers du Trait à une société indépendante. 23 mars : cession par la Maison de ses intérêts dans la Société immobilière du boulevard Haussmann. Activités de la NCHP ; démarche officielle de la Maison en vue de prendre part au trafic aérien France-Angleterre en liaison avec la SNCF. 29 mars : ordonnance sur la répression du commerce avec l'ennemi.Avril-23 mai : la rétrocession à Louis Dreyfus & Cie et à Pierre Louis-Dreyfus des actions SFTP que les autres actionnaires (dont l'État) leur avaient rachetées pour éviter leur confiscation par l'occupant, est examinée au regard de l'ordonnance du 12 novembre 1943 sur la nullité des actes de spoliation accomplis par l'ennemi ou sous son contrôle et la restitution aux victimes. Mise en service du pétrolier "Prairial" (SFTP). 10 avril : G. Le Roy Ladurie est blessé à la jambe. 13 avril : visite de la direction des Services maritimes à la SFTP et aux Chargeurs réunis - sort des navires restés à la disposition des armateurs réquisitionnés par les autorités allemandes. 18-22 avril : échange de notes au sujet des actions Air France détenues par la Maison, de la reprise des fonctions d'H. Worms au sein du CCAF, la situation de la SNCG, les accords Möller relatifs à la construction de 8 pétroliers dont 4 pour l'État et 4 pour la Maison... H. Worms note que la même insinuation au sujet des liens de la Maison avec la Shell-Royal Dutch et la Banque Samuel de Londres figure dans les rapports d'avril 1942 de la direction du Blocus et du comité national de Résistance, dans la campagne de presse de Paris-Soir en octobre 1940 et dans l'enquête menée par la Deutsche Treuhand und Revisionsgesellschaft. 22-30 avril : le retour de G. Le Roy Ladurie à Paris où « son lit de douleur à l'hôpital deviendra le salon où tout Paris se précipitera pour le distraire » inquiète H. Worms. 23 avril : rumeurs au sujet d'une enquête menée par le Ministry of Shipping sur la société ; H. Worms se demande si ces investigations ont pour but de « blanchir [la Maison] ou [de] la faire mettre sur la liste noire, sinon officiellement, en tous cas en la faisant boycotter par tous les armateurs anglais sous le prétexte qu'elle est indésirable... »

2 mai-28 décembre : échange de notes entre Worms & Cie, ses conseillers juridiques et notaires, les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime ainsi que l'administration en vue de constituer la Société anonyme des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime. 8 mai : capitulation de l'Allemagne. Présentation de la Maison en Égypte dont le « directeur actuel est de nationalité britannique », et dont la conduite depuis l'armistice a procuré la satisfaction des administrations anglaises et américaines. 15-19 mai : échange de correspondance avec H. Worms sur la réorganisation du secteur maritime, nationalisation de la Transat et des Messageries maritimes (agences confiées à la Maison en Égypte notamment, desserte de Madagascar...), reprise des lignes Worms avec l'Angleterre, création d'une conférence cabotage national dont la Maison serait le leader, situation de la SFTP (actions Dreyfus)..., remplacement de la succursale Worms de Newcastle par une société, éventuelle fermeture de Hull et Grimsby, trafic Norvège, Danemark ou Allemagne.

10 juin : contrat signé par Pierre Poulain (Compagnie nationale de navigation et Société de transports maritimes pétroliers) avec les Chantiers navals d'Odense (Danemark) aux termes duquel 1/3 des programmes de construction est réservé à la France, dont la moitié pour le groupe Worms. 26 juin : nationalisation des compagnies aériennes Air France, Air Bleu, Air France Transatlantique, dont l'État assure la direction depuis septembre 1944 et qui seront transformées en compagnie nationale Air France en 1948.

2 juillet : R. Labbé reprend le siège de J. Barnaud au conseil de la SFTP. 17 juillet-2 août : conférence de Potsdam organisée entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'URSS pour statuer sur le sort de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon et de la Pologne. M. Gada, ex-directeur de Worms & Cie Dantzig, devient à Berlin adjoint au titre de la Marine marchande pour suivre les questions navales en zone soviétique. 25 juillet : constitution de la "Société anonyme des Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime" - ACSM (date d'effet : 1er janvier 1946) avec comme objet : "la reprise et l'exploitation de l'entreprise de construction et de réparation de navires que MM. Worms et Cie possèdent au Trait (Seine-Inférieure) et à cet effet, l'acquisition par voie d'apport ou autrement, ou la prise à bail avec ou sans promesse de vente du nom commercial, des marchés en cours, de la clientèle, de l'achalandage, de l'outillage..., des stocks,... des terrains, constructions, maisons ouvrières et gros outillage...". 26 juillet : reprise du trafic maritime avec l'Angleterre sur lequel le mandat signé avec la Marine permet de placer 7 navires de ligne Worms, projet en Baltique, programme de livraison de navires (pour la NCHP et la SFTP) en exécution du contrat avec les chantiers navals Möller, établis au Danemark ; dépôt des statuts des ACSM, société au capital social de 10 millions de francs, souscrit par Worms & Cie et certains de ses commanditaires dont H. Worms, R. Labbé et Raymond Meynial, ainsi que l'Union immobilière France Étranger. 30 juillet : assemblée constitutive des ACSM dont R. Labbé est nommé président (31 juillet-2 août).

Août : reprise par le service Trafic du démarchage de la clientèle pour les lignes de cabotage, des courriers sont échangés dans cette optique entre la Maison et la Société nantaise de consignation et de gérance. 6-9 août : bombardement atomique de Hiroshima et de Nagasaki. 7 août : déposition d'Olivier de Sèze. 22 août : compte-rendu par R. Labbé d'un voyage qu'il vient de faire en Angleterre (création de Worms & Co., Ltd). 27 août : projet d'une ligne Worms sur la Suède. 31 août : modernisation des chantiers navals français et de ceux du Trait en particulier.

2 septembre : armistice entre les USA et le Japon. 3 septembre : levée des séquestres sur les affaires françaises en Angleterre, et en Égypte. 5 septembre : monopole que les Anglais ont l'intention de s'assurer sur le trafic des charbons allemands exportés par voie maritime (Gand, Anvers, Rotterdam, Hambourg)... 10 septembre : désir de la Marine marchande de voir la NCHP créer une ligne de navigation entre la France et l'Iran avec escale possible en Égypte. 14 septembre : lancement d'un emprunt par la Société chimique des Bouches du Rhône. 29 septembre : prise de participation dans la société d'économie mixte Seriac, appelée à servir d'intermédiaire aux Français désireux de faire des affaires en Syrie et au Liban ; projet de création d'une société de cabotage en Méditerranée. 30 septembre : retard dans la déréquisition des flottes commerciales françaises ; crispation avec les Messageries maritimes et les Chargeurs au sujet de la desserte de Madagascar.

Octobre : emprunt des Établissements Japy Frères. 12 octobre : fondation par l'État du Bureau de recherches des pétroles (BRP). 16 octobre-27 décembre : projet de baux entre Worms & Cie et les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime concernant la location du fonds de commerce, du mobilier..., des terrains et maisons, sis sur la commune du Trait. 30 octobre : levée du séquestre contre la société Le Molybdène ; enquête par l'administration américaine au sujet de l'inscription éventuelle de Worms sur la black list.

Novembre : création de la société France Estrellas par la Société d'études privées en association avec Worms &  Cie. 3/23 novembre : le ministre des Finances informe la Maison de sa décision de transmettre à la Commission interprofessionnelle d'Épuration les dossiers de MM. Worms, Le Roy Ladurie et Barnaud. 16-28 novembre : transfert des marchés de construction navale en cours à la Société anonyme des ateliers & chantiers de la Seine-Maritime. 22 novembre : décision de ne pas entrer dans "la bagarre de la nationalisation" de la Transat et des Messageries qui sont de gros clients bancaires. 28 novembre : dégel et rapatriement en France des bénéfices réalisés depuis 1940 en Égypte, et qui se trouvent entre les mains d'un séquestre égyptien. 30 novembre : la Maison a été informée au cours des derniers mois qu'elle « avait été placée par le Trésor américain, sur une "confidential list" qui restreint [son] activité en ce qui concerne les opérations avec les États-Unis... »

2 décembre : nationalisation de la Banque de France, de la Société générale et du Crédit lyonnais ainsi que de deux banques qui formeront la Banque nationale de Paris (Banque nationale pour le commerce et l'industrie et Comptoir national d'escompte de Paris). 21 décembre : création du Commissariat général au plan, placé sous la responsabilité de Jean Monnet (3 janvier 1946). 27 décembre : association en participation entre Worms & Cie et les Ateliers et Chantiers de la Seine-Maritime ayant pour objet la réalisation des stocks de matières premières, produits en cours de fabrication et produits finis... 31 décembre : G. Bernard remet au juge G. Thirion son rapport d'expertise, en conclusion duquel il écrit : « le pourcentage des opérations qu'a traitées la banque Worms avec le clearing allemand n'a représenté que 1,47% de l'ensemble des opérations traitées avec le même clearing par les autres banques de la place (pourcentage déterminé grâce aux chiffres passés au compte de compensation de la Reichskreditkasse de Paris), alors que l'activité de la banque Worms est considérée à la Chambre de compensation des banquiers de Paris comme représentant environ 3% de l'activité bancaire totale de la place de Paris. Cela revient à dire que si la banque Worms avait effectué avec les Allemands des opérations d'accréditifs pour un volume proportionnel à son importance sur la place de Paris, elle aurait été amenée à faire de telles opérations pour un total sensiblement double de celui qu'elle a traité en réalité. Dans l'ensemble, les autres banques de la place de Paris ont eu une activité proportionnellement plus grande qu'elle en matière d'accréditifs allemands... Les opérations effectuées par la banque Worms dans le secteur allemand ont représenté un coefficient d'activité de 9,8% par rapport à l'ensemble des opérations traitées ; mais compte tenu des pertes subies, dans le secteur allemand, le bénéfice net pour l'ensemble de la période d'occupation se trouve ramené à 941.000 francs, soit 3,8% seulement du bénéfice net total du département bancaire pendant la même période. »

Au cours de l'année, la Maison est entrée au capital des Établissements Trautmann, située à Strasbourg (négoce de charbon et de fuel) ainsi que dans la Société parisienne de réception de combustibles - Paréco (réception et la manutention de charbon transporté par trains complets). A partir de cette date, la suppression complète des exportations britanniques, le ralentissement de celles de l'Europe centrale, le développement du chauffage au mazout, et la politique des nationalisations vont fortement retentir sur la physionomie du département charbonnier.

 

Sources : André Kaspi, La Deuxième Guerre mondiale ; Journal de la France et des Français - chronologie politique, culturelle et religieuse de Clovis à 2000, Quarto Gallimard, 2001.