1857 - 1870 : Envolée commerciale
"Les grandes compagnies viendront toujours à moi. Vous avez déjà la qualité
de fournisseur exclusif des Messageries impériales et de la Compagnie du canal de Suez.
J'ai fait des affaires avec la Peninsular & Oriental Cy et la British India,
aussi avec le Lloyd autrichien, et j'espère continuer dans l'avenir
sur une plus grande échelle avec toutes ces compagnies."
Hypolite Worms à Édouard Rosseeuw, 1869
Ouverture d'une succursale à Bordeaux (janvier)
dont la direction est confiée à Georges Schacher ; entente avec un négociant de Hambourg en vue de traiter des fournitures de charbon aux compagnies gazières et ferroviaires ; vente à la Compagnie de canalisation de l'Èbre (janvier). Projet de location des steamers "Emma" et "Séphora" au Chemin de fer du Midi (février).
Guerre opposant la Chine au Royaume-Uni et à la France (3 mars 1857-24 octobre 1860)
Rupture du contrat d'affrètement de ces mêmes navires, avec lesquels une extension sur Dunkerque de la desserte Bordeaux-Grimsby est envisagée ; remise en question par les actionnaires français des chartes-parties conclues avec l'Anglo-French Steam Ship Cy Ltd (mars). Arrêt des envois de charbon en Californie ; projet, en accord avec A. Grandchamp, d'expédier des marchandises de Dieppe à Saint-Pétersbourg, via Grimsby ; subvention par le Manchester, Sheffield & Lincoln Railway des voyages des "Séphora" et "Emma" entre Bordeaux et Grimsby (avril). Entrée en clientèle du Lloyd autrichien. Désarmement éventuel du "Emma" ; affrètement du "Séphora" à la Compagnie générale maritime du Havre pour un service Le Havre et/ou Grimsby et Hambourg.
Établissement d'un triple réseau postal subventionné sur l'océan Atlantique ; concession du réseau sud aux Messageries impériales s'étendant, à l'origine, de Bordeaux et de Marseille, puis, définitivement, de Bordeaux seulement, au Sénégal, au Brésil et à La Plata (loi du 17 juin)
Échec des négociations avec le Chemin de fer du Midi visant à une utilisation conjointe des steamers (juillet). Conflit d'intérêt avec l'Anglo-French Steam Ship Cy, à laquelle H. Worms fait savoir qu'il a créé à Grimsby en 15 mois un trafic de 80.000 tonnes de charbon ; résiliation de la charte-partie du "Séphora" (août). Contrat avec le Chemin de fer d'Orléans pour une livraison à Bordeaux de 12.000 tonnes de charbon ; garantie financière apportée par le Manchester, Sheffield & Lincolnshire Railway au service Bordeaux-Grimsby ; location des "Séphora" et "Emma" à une maison de Dunkerque pour des voyages sur Copenhague et Cronstadt (septembre). Adjudication de 16.000 tonnes de charbon à livrer à Alger et de 3 à 3.500 tonnes en Guyane française pour le compte de la Marine ; adjudication en participation avec un confrère de Rouen pour des transports de tabac en Algérie (octobre). Marché avec les Chemins de fer lombards-vénitiens à Venise (novembre). Le développement donné par H. Worms à son commerce de charbon se traduit par l'exportation d'Angleterre de plus de 400.000 tonnes, équivalant à près de 6% du total des exportations estimé à 6.757.718 tonnes (décembre).
1858
Naufrage sur les côtes bretonnes du "Emma" en route pour Copenhague et Cronstadt ; affrètement du "Séphora" à une maison bordelaise pour un service sur Le Havre ; choix d'un correspondant à Nantes (janvier).
Désengagement de l'Anglo-french Steam Ship Cy Ltd (janvier-février)
au titre du rachat de leurs actions, H. Worms, Hantier Mallet & Cie et A. Grandchamp Fils obtiennent la pleine propriété des "Lucien" et "Victoria" ; projet de lancement d'une ligne entre Bordeaux et Cronstadt, port sur lequel pourrait être expédiée « une quantité considérable de marchandises » envoyées de Marseille par Sète et le Chemin de fer du Midi ; sortie du "Séphora" sur Saint-Pétersbourg ; voyage d'H. Worms à Marseille où il est « chargé de l'approvisionnement en charbon des steamers de la Compagnie impériale de commerce et de navigation russe dans la Méditerranée et la mer Noire » ; fourniture par adjudication de la Marine à Hong Kong ; choix d'un agent à Bône.
Établissement d'une succursale à Marseille (février)
placée sous la direction de Paul Cruzel et ayant pour objet le commerce des charbons anglais et les transports maritimes : affrètement, consignation de navires, recherche de marchandises... (février). Organisation de la ligne Bordeaux-Cronstadt ; séjour d'H. Worms à Hambourg en vue d'étudier la possibilité d'y développer ses opérations (mars). Choix d'un agent à Gênes (avril). Transport par navires affrétés de rails destinés aux Chemins de fer russes ; démarchage de la Compagnie de l'union des gaz (Bordeaux, Gênes, Toulouse). Projet de vente des 3 vapeurs "Gabrielle" (ex-"Victoria"), "Lucien" et "Séphora" (mai). Proposition au Chemin de fer du Midi pour livraison de 6.500 tonnes de charbon.
Desserte de Cronstadt par "Lucien" (juin)
création d'une ligne concurrente par la Compagnie impériale de commerce et de navigation dans la Méditerranée et la mer Noire (juin). Traversée du "Gabrielle" du Havre à Copenhague ;
Ouverture d'une agence à Swansea (juillet)
Pertes importantes laissées par le trafic sur la Baltique (juillet). Chargement à Grimsby du "Blanche", appartenant à A. Grandchamp Fils ; marché avec le Chemin de fer de Cordoue à Séville pour fourniture de charbon ; première affaire avec le gaz de Madrid (août). Projet de vente des 3 steamers à la Compagnie russe qui, grâce à la subvention de son gouvernement, rivalise avec la ligne que H. Worms et ses partenaires tentent de créer dans la Baltique (septembre) ; propositions à la Marine pour des expéditions de charbon à Singapour ou à Tourane (Vietnam) ; marchés avec la Compagnie des chemins de fer de Madrid à Saragosse et à Alicante, et avec la Marine pour des livraisons à Brest (septembre). Expéditions de charbon à Messine, Smyrne et Odessa, et constitution d'un stock de 6.000 tonnes à Marseille pour compte de la Compagnie russe de navigation (novembre). Projet d'instaurer un service de navigation de Bordeaux (expéditions de vins notamment) sur Hambourg via Le Havre, avec le concours du Chemin de fer du Midi ; exploitation en commun avec la Maison Couillard Fautrel, du Havre, d'un brevet dans le Yorkshire pour la fabrication de briquettes de charbon.
Fondation de la Compagnie universelle du Canal maritime de Suez pour "le percement de l'isthme et l'exploitation d'un passage propre pour la grande navigation", sous la présidence de F. de Lesseps (15 décembre)
1859
Décision d'H. Worms de tenter, avec le "Séphora", quelques voyages entre Bordeaux et Hambourg, en liaison avec G. Schacher, appelé à recueillir les engagements des chargeurs en France, et avec Cellier et Paran, courtiers à Hambourg ; agence des navires de la Compagnie russe de navigation à vapeur confiée à Hantier Mallet & Cie ; offre de services à la Compagnie universelle du canal maritime de Suez ; choix d'un agent à Alicante ; accord avec la Maison Couillard Fautrel par lequel H. Worms se réserve la vente à Rouen, Le Havre, Dieppe... des briquettes de charbon fabriquées en Angleterre ; mise en charge du "Séphora" à Bordeaux (janvier). Flambée des prix en raison de « la fièvre de la guerre qui semble s'être emparée des courtiers et spéculateurs » ; voyage de Grandchamp à Grimsby pour obtenir des mineurs une meilleure qualité de charbon ; perte dans les comptes d'exploitation des steamers (campagne 1858).
Inauguration de la ligne Bordeaux-Le Havre-Hambourg (février)
par le "Séphora", suivi par le "Lucien" ; séjour d'H. Worms à Bordeaux en vue d'évaluer les opportunités du trafic sur Saint-Pétersbourg, rallié par le "Gabrielle" (février). Projet de livraison de 8.000 à 10.000 tonnes par an de "steam coal" à Caen pour le chemin de fer ; prospection par une maison anversoise en vue de placer des charbons Worms en Belgique et en Hollande ; ordre de la Marine pour 2.000 tonnes à livrer à Tourane ; demande à l'administration de charger des tabacs à Saint-Pétersbourg pour Le Havre ; offre à la Marine des "Gabrielle", "Séphora", "Lucien" et "Blanche" et mise à la disposition du ministère de l'agence de Gênes et de l'organisation en Méditerranée ou dans l'Adriatique (mars). Marché avec le Chemin de fer de Paris à Orléans pour livraisons à Bordeaux ; marchés de 3.000, porté à 13.000 puis à 16.000 tonnes de charbon livrables à Toulon et de 10.000 tonnes à Gênes pour le compte de la Marine.
Campagne d'Italie (23 avril-8 juillet)
Commencement des travaux de percement du Canal maritime de Suez,
à l'emplacement futur de Port-Saïd
Désorganisation des activités maritimes du fait de la guerre : arrêt des expéditions, difficultés de chargement du "Lucien", désarmement envisagé du "Gabrielle"... Projet de louer au mois, puis de vendre les navires à la Marine (avril). Augmentation des frets à des « prix fabuleux » ; marché à Toulon ramené à 1.500 tonnes ;
Ouverture d'une succursale à Gênes (mai)
Marché avec les Chemins de fer de Séville à Xérès et de Cadix à Puerto-Real. Demande de renseignements à Alger et à Bône pour soutenir l'activité de la Maison de Gênes où H. Worms s'attend à ce que « les victuailles, les vins, les eaux de vie, les farines, fourrages et bestiaux soient l'objet de la demande la plus considérable... Des steamers, prévoit-il, permettraient d'aller rapidement sur les côtes de France, d'Algérie et d'Espagne, chercher toutes choses dont manqueraient à Gênes notre armée et notre flotte... » ; recul de la demande en charbons anglais à Marseille ; location - aussitôt suspendue - du steamer "Blanche" par le ministère de la Guerre ; décision de continuer la ligne Bordeaux-Le Havre-Hambourg, avec Hantier Mallet & Cie, et les steamers "Gabrielle" et "Séphora", partant tous les 20 jours de Bordeaux (mai). Envoi du "Lucien" à Saint-Pétersbourg et du "Blanche" à Gênes ; offre de « débouchés suivis, réguliers et très importants » à des producteurs de charbon situés dans les bassins du Midi (juin). Organisation des opérations d'agence d'armements maritimes par la succursale de Grimsby ; chargement à Cardiff pour Rio de Janeiro ; fret (rails et traverses de chemins de fer) pour Madras ; expéditions sur la Russie (juillet).
Signature de l'armistice à Villafranca (juillet) qui met fin à la guerre d'Italie
Navigation des "Lucien" et "Blanche" sur Bordeaux, Le Havre et Cronstadt ; offre de services à la Compagnie des chemins de fer du nord de l'Espagne ; liquidation de la succession d'Edmond Heuzé dans la société Worms Heuzé & Cie, dont H. Worms a été l'associé entre 1829 et 1837 ; envoi à la succursale de Bordeaux d'un chargement de briquettes fabriquées par Couillard Fautrel (août). Propositions au chemin de fer Victor-Emmanuel pour livraisons à Gênes de 2.000 à 4.000 tonnes de charbon, à la Compagnie de navigation à vapeur des Deux-Siciles pour un marché à Naples (H. Worms en est déjà le fournisseur à Marseille, Gênes et Civitavecchia) et à W. S. Lindsay & Co., exploitant une ligne régulière entre Marseille et New York ; recherche de navires pour le compte de la Marine qui « embarrassée de ses excédents de charbon à Gênes et Marseille, veut les expédier à Hong Kong, Shanghai, Cayenne, Saint Louis du Sénégal, Gabon, Réunion, Papeete (Tahiti) » ; offres à la Compagnie royale asturienne et à des compagnies de navigation de Bilbao et Bayonne (septembre). Rapport de visite d'H. Worms à Bordeaux, Marseille, Gênes, Milan, Venise et Trieste ; projet de création d'un dépôt charbonnier à Santander ; expédition du "Lucien" à Saint-Pétersbourg, du "Séphora" à Hambourg et du "Gabrielle" à Bordeaux ; sauvetage du "Blanche" ; offre de fournitures de charbon à Rossi & Cie à Gênes ; projet de vente des steamers à un négociant de Barcelone ; proposition pour la fourniture des charbons à gaz nécessaires à diverses usines d'Italie ; offre aux Chemins de fer lombards-vénitiens en Italie centrale (octobre). Commande aux Mines de la Grande Combe de quelques milliers de tonnes de charbon à livrer à Marseille ; affrètement de steamers pour transport de locomotives du Havre à Santander et de matériel pour compte espagnol sur les côtes du Maroc ; pourparlers avec le Chemin de fer du Midi pour la création d'une ligne Bordeaux-Liverpool ; proposition au Chemin de fer du sud de l'Autriche pour fourniture de 10.000 à 15.000 tonnes de charbon ; navigation du "Lucien" entre Londres et Grimsby ; emploi éventuel d'un steamer à des transports de chaux hydraulique entre Bordeaux et Brest (novembre). Nécessité ressentie par H. Worms et ses agents de Cardiff, Newcastle et Grimsby d'avoir à Londres un agent central ; propositions pour fournitures à la Compagnie des chemins de fer de Madrid à Saragosse et Alicante, à la grande Compagnie du chemin de fer russe (cliente des services maritimes pour le transport des rails) ; prospection de navires à Hull pour aller chercher du bois de construction à l'extrême nord de l'Europe, au-delà d'Arkhangelsk (décembre).
1860
Démarchage des chemins de fer du sud de l'Autriche ;
Organisation de l'approvisionnement régulier des dépôts charbonniers
créés à Bordeaux, Lisbonne et Rio de Janeiro par les Messageries impériales,
compagnie à laquelle a été concédée l'exploitation du réseau postal entre Bordeaux, le Sénégal, le Brésil et La Plata
Engagement de la France à abolir toute discrimination contre les charbons anglais
Proposition aux Chemins de fer de l'Ouest pour fournitures de charbon à Dieppe et à Caen ; offre à l'entrepreneur chargé des travaux de percement du canal de Suez de lui livrer « les quantités considérables de charbon qui [lui] seront nécessaires » ; proposition pour transport de France en Italie du matériel des Chemins de fer romains (mars). Affrètement de navires pour charger des bois à Petchora ; projet de vente à Barcelone des "Séphora" et "Gabrielle" (avril). Rotation Bordeaux-Havre-Hambourg avec "Séphora" et "Lucien" en 30/32 jours au lieu de 42 jours ; nouvelle proposition aux Chemins de fer romains pour fournitures à Marseille et à Sète.
Inauguration de la première ligne régulière de navires à vapeur
entre Bordeaux et Rio de Janeiro, concédée aux Messageries impériales (24 mai)
Proposition au Chemin de fer d'Orléans, à Saint-Nazaire ; développement des affaires charbons et fontes en Espagne en lien avec Barcelone et Marseille ; transport de bois de Londres ; fourniture de charbon à Malte ; comptes des navires ; projet de vente des steamers en Espagne (juin). Marché charbon avec le roi de Naples ; hausse des frets provoquée par la guerre en Chine (débutée en 1857) ; affrètements de navires et livraisons de charbon à Malte, Alexandrie et Beyrouth pour le compte des Messageries ; projet de vente des navires à Gênes ; intention de créer une succursale à Barcelone (juillet). Marchés avec le chemin de fer d'Alicante et celui de Livourne à Florence ; offre au Manchester, Sheffield & Lincolnshire Railway et au Great Nothern Railway de les fournir en traverses en pin des Landes ; commercialisation des charbons de Lalle (Bessège) ; transport d'huiles de Hull sur Dieppe via Grimsby ; mauvais résultats de la Maison A. Grandchamp Fils (août). Menace de guerre en Italie ; retour du "Séphora" sans fret de Hambourg ; projet de location (ou de vente) des steamers à la Marine sarde ; utilisation de la flotte pour livrer aux navires des Messageries, en partance de Bordeaux pour le Brésil, des marchandises chargées à Hambourg (septembre). Proposition à la Compagnie des chemins de fer du nord de l'Espagne.
Fondation à Barsac, en Gironde, d'une entreprise spécialisée dans la fabrication de traverses de chemins de fer, de poteaux de mines et de télégraphes (octobre)
Fourniture à la Compagnie des chemins de fer algériens de 75.000 à 80.000 traverses ; nouvel engagement pour deux ans pour la fourniture des charbons anglais nécessaires aux steamers de la Compagnie russe de navigation et de commerce à Marseille.
Prise de Pékin qui met fin à la deuxième expédition franco-anglaise en Chine (octobre)
Transport à Sète ou Marseille des minerais de fer produits par les Fonderies et Forges d'Alais en Italie ou en Espagne ; fourniture des traverses nécessaires à la construction du chemin de fer d'Alger à Blida ; marché avec la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest (novembre). Proposition au Chemin de fer de Cadix à Séville ; projet d'utiliser un ou deux steamers Worms pour transporter à Alger les 80.000 traverses nécessaires à la construction du chemin de fer de Blida ; désarmement possible du "Lucien" ; choix d'un réceptionnaire à Dieppe ; projet de vente à Paris des "Lucien", "Séphora" et "Gabrielle".
Décrets exonérant de droits les matières premières nécessaires à l'industrie et diminuant sur ces mêmes produits les surtaxes de provenance et de pavillon (janvier)
Concurrence d'un armement allemand sur la ligne Bordeaux-Le Havre-Hambourg, menace qui conduit H. Worms et Fr. Mallet à resserrer leurs liens : « pour le meilleur emploi de nos trois steamers, fait valoir le premier au second (février), nous devons fondre nos intérêts dans les mains d'un seul » ; plusieurs modes de rapprochement sont envisagés : l'achat de la moitié du "Séphora" avec le principe d'un compte à demi (pour profits et pertes) ou le maintien de la propriété mais la « mise en communauté absolue » et le partage par moitié des résultats, etc.
Convention établie à la suite de la prise de possession de la Cochinchine par la France,
entre les Messageries impériales et l'État français (22 avril) en vue d'organiser le service des postes au départ de Marseille, sur l'Inde, l'Indochine, la Chine et les Iles Mascareignes
Projet de construction d'une usine à briquettes et agglomérés avec Couillard Fautrel, à Bordeaux, en lien avec l'approvisionnement de la Compagnie de l'Ouest ; fourniture de 7.500 tonnes de charbon et 22.500 tonnes de coke par an au chemin de fer et transit égyptiens, à Alexandrie (juin). Important contrat avec la Compagnie de l'Ouest, à Dieppe et au Havre ; voyages sur Saint-Pétersbourg avec des navires affrétés (août).
Alimentation des dépôts charbonniers des Messageries impériales
à Aden, Pointe de Galles (Ceylan) et Calcutta (ligne sur l'Extrême-Orient)
« Vous devez attacher la plus grande importance à la parfaite exécution de ce nouveau service, recommande H. Worms à sa Maison de Cardiff. Cette belle affaire est jalousée par tout le commerce anglais, et les maisons les plus considérables ont employé toutes les influences possibles pour me l'enlever. » Sa position de "fournisseur exclusif des Messageries" constitue la référence qu'il rappelle dans sa correspondance. A l'invite de la Compagnie, qui cherche à affréter des navires aux meilleures conditions, H. Worms entre en relations avec Geo & A. Herring & Co. de Londres, origine d'une association longue et féconde (décembre).
Débarquement des troupes françaises au Mexique (20 décembre 1861)
1862
Recherche de clientèle charbon en Australie (janvier) ; livraisons à Pointe de Galles pour compte de la Peninsular & Oriental Cy (février) ; fournitures à Gibraltar, et avitaillement des Messageries impériales à Singapour et à Hong Kong (mai) ; envois de cargaisons de charbon à Aden et Bombay (août) ; ces contrats entrent dans le cadre de l'arrangement conclu avec Geo & A. Herring & Co., aux termes duquel tous les affrètements pour la route des Indes incombent à ces Messieurs tandis que ceux pour l'Atlantique et la Méditerranée reviennent à la succursale de Cardiff. Enquête sur la situation de la Marine marchande (juillet).
Achat d'une usine à gaz portatif à Turin (août-septembre)
que H. Worms revendra en 1865. Renouvellement des accords avec A. Grandchamp Fils à Rouen : prorogation de la société dont les opérations comprennent l'armement maritime, les transports sur terre et sur mer (ligne de Dieppe-Grimsby) et le commerce du charbon (octobre). Proposition de Fr. Mallet de créer une société spéciale aux bateaux à vapeur, que H. Worms rejette dans la mesure où cette compagnie « annulerait dans les mains d'une gérance [sa] propriété et [ses] droits à la gestion » (décembre).
Fixation des droits sur les charbons à 1,20 F par tonne quelle qu'en soit l'origine (janvier).
Contrat avec le Chemin de fer égyptien et démarchage de la Compagnie du canal de Suez (janvier). Ordres des Messageries pour leur service d'Indochine : Aden, Pointe de Galles, Hong Kong, Calcutta et Singapour (mars).
Arrêt de la construction du canal de Suez : l'Angleterre, par la voix de la Turquie, obtient d'Ismaïl Pacha, vice-roi d'Égypte, que cesse la fourniture gracieuse de la main d'oeuvre (mai)
Attribution à A . Grandchamp Fils de toutes les affaires possibles à Grimsby pour Dieppe : pitch, rails neufs et vieux, fontes, etc. pour « ne pas dépendre uniquement du charbon comme fret de retour sur la France » ; importante fourniture de coke à Cronstadt (avril-mai). Proposition d'Eugène Cellier en vue de traiter des affaires charbon à Stockholm (septembre-novembre) ; l'activité n'y étant pas suffisante pour justifier l'établissement d'une succursale, H. Worms se borne à vendre sous vergues (frais de débarquement à la charge du réceptionnaire) et par chargements complets. Entrée d'Henri Goudchaux (1846-1916), cousin par alliance d'Hypolite Worms, dans la succursale de Grimsby (octobre). "Lucien" relie Cronstadt au Havre (octobre-novembre).
1864
Choix d'un représentant à Nantes, « engagé à vendre du charbon dans toute la Normandie, la Bretagne et la Vendée » ; marché en compte à demi en Italie où H. Worms, décidé à « renoncer à toutes ces affaires où il faut commencer par payer des commissions à des intermédiaires secrets et cela pour courir la chance de ruine », ne veut plus traiter à forfait ; projet de création d'une ligne pour le transport du charbon en Égypte et du coton au retour sur Marseille, Le Havre, voire l'Angleterre, (janvier-juin) et d'ouverture d'une succursale à Alexandrie ; mariage de la fille d'H. Worms, Emma, et de Léon Joseph Franchetti (février). Renforcement de l'accord avec Mallet Hantier & Cie : H. Worms cède 1/3 de la propriété du "Séphora" en échange de 1/6ème de chacun des "Gabrielle" et "Lucien" (mars). Contrat avec la Peninsular & Oriental Cy en compte à demi avec Geo & A. Herring & Co. (avril). Affrètement de 3 à 5 ans des steamers "Havre" et "Dordogne" pour des voyages sur Hambourg, Grimsby, Hull et la Baltique ainsi que des "Greatham-Hall" et "Iron-Era" pour des services entre Bordeaux et/ou Le Havre et/ou Dieppe et Cardiff et/ou Swansea et/ou Sunderland.
Reprise des travaux de creusement du canal de Suez suite à l'intervention de Napoléon III : utilisation de dragues à vapeur en remplacement de la main d'oeuvre fellah (juillet)
Établissement du siège de la Maison Worms au 7, rue Scribe, à Paris (octobre)
Affrètement par la succursale de Newcastle des navires envoyés par James Burness & Sons à Alexandrie ; ventes aux sociétés d'éclairage au gaz à Turin et à Marseille.
1865
Résultats "magnifiques" des comptes de navigation 1864 ; marché traité avec Nubar Pacha, ministre égyptien des Affaires étrangères, de 20.000 à 30.000 tonnes de charbon et coke à livrer au Chemin de fer entre Alexandrie, Le Caire et Suez (janvier). Fermeture de l'usine de gaz portatif de Turin « dont la marche pendant deux années a été la cause de pertes énormes » ; fournitures à Gênes à la compagnie amsterdamoise, Koninklijke Nederlandsche Stoomboot Maatschappij (février).
Traité de commerce entre la France et les villes hanséatiques
de Lubeck, Brême et Hambourg (mars)
Affectation d'H. Goudchaux à la succursale de Cardiff dont la direction est changée (mai). Attaque de la ligne Bordeaux-Hambourg par un armateur allemand, Perlbach : en réponse, des départs directs sur Hambourg sont organisés par "Gabrielle", "Séphora" et "Lucien", les affrètements de navires anglais sont multipliés et l'achat d'un steamer est décidé (juin). Acquisition par A. Grandchamp Fils d'"Ernestine" qui double "Blanche" sur la ligne France-Angleterre ; nouvelle commande passée aux chantiers navals de Hull ; projet en liaison avec la compagnie Fraissinet de « prolonger la ligne de Hambourg au Levant et par toute la Méditerranée » ; constitution d'un dépôt charbonnier à Dakar pour les Messageries (août).
Mise en communication du canal maritime et du lac Timsah permettant aux chalands
d'aller directement de Port-Saïd à Suez (15 août)
Premières fournitures de charbon destiné aux appareils de dragage et de construction de Borel Lavalley & Cie, principale entreprise chargée du percement du canal de Suez (novembre) ; H. Worms « désire traiter avec eux la fourniture de tous leurs charbons à Port-Saïd sur les bases qui règlent ses opérations avec les Messageries impériales, c'est-à-dire à commission » ; contrat avec la Compagnie du chemin de fer de la Haute-Italie, à Turin (novembre-décembre).
1866
Voyage de Bordeaux à Anvers du "Séphora" qui ne peut rallier Hambourg à cause des glaces (janvier). Francisation du navire acheté avec Hantier Mallet & Cie et baptisé "Isabelle" (mars). Offre de services au Chemin de fer d'Alger à Blida pour la fourniture de charbons Cardiff (avril).
Suppression des surtaxes de provenance et de pavillon
privilégiant la flotte marchande française (mai)
Guerre austro-prussienne (juin-juillet)
Abondance du fret à Hambourg due au conflit entre la Prusse et l'Autriche (juin). Contrat en compte à demi avec Geo & A. Herring & Co. pour Calcutta ; vente de plusieurs chargements pour le Chemin de fer d'Alexandrie ; affrètement à l'année de steamers à Bordeaux, port pour lequel H. Worms projette d'acheter un navire affecté au transport charbonnier « chaque fois qu'il n'y aura pas suffisamment d'aliment en marchandises » pour Hambourg (novembre) ; attaques de la ligne Bordeaux-Hambourg par la Compagnie anglaise Robinson en représailles desquelles H. Worms lance un service concurrent sur Londres, alimenté par des traverses de chemins de fer chargées à Bordeaux (novembre-décembre).
1867
Livraisons de charbon à Alger et à Oran pour le compte de la Compagnie anonyme de navigation mixte (janvier).
Ré-embarquement des troupes françaises stationnées au Mexique (mars)
Inauguration de l'exposition universelle de Paris (1er avril)
Vente de charbon au Chemin de fer de Paris à Lyon pour le réseau de l'Algérie ; accord entre H. Worms et Hantier Mallet & Cie en vue d'acquérir le steamer anglais "Neptune", francisé sous le nom de "Marguerite" (avril) et affecté à la ligne Bordeaux-Le Havre-Hambourg ; livraison de charbon à Port-Saïd pour le compte de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez, où la Maison Worms approvisionne le dépôt des Messageries et Borel Lavalley & Cie (juillet). Arrêt de la desserte de Londres contre l'engagement de Robinson de cesser ses attaques contre la ligne de Hambourg (juin-juillet). Démarchage auprès de la Compagnie de Bombay pour des ventes de charbon et de traverses de chemins de fer (juin-septembre). Contrat signé par l'intermédiaire de Geo & A. Herring & Co., avec la Peninsular & Oriental Cy pour un total de 6.000 tonnes de charbon livrables en 3 mois à Port-Saïd (novembre).
1868
Établissement d'une commandite avec MM. Muller et Cordano (janvier) auxquels H. Worms cède son agence de Gênes (mars) ; dorénavant, les affaires seront traitées depuis Marseille. Transformation de Hantier Mallet & Cie en F. Mallet & Cie ; H. Worms reste commanditaire de la société dont la flotte se compose de "Lucien", "Gabrielle", "Séphora", "Isabelle" et "Marguerite" ; achat par Fr. Mallet pour le compte d'H. Worms d'un vapeur francisé sous le nom d'"Emma" (mars) afin de renforcer la ligne Bordeaux-Le Havre-Hambourg ; négociations avec le PLM en vue de lui fournir 400.000 à 500.000 traverses pour le réseau algérien, livrables à Alger, Oran et Stira ; établissement d'un service de navigation entre Bordeaux et Rouen avec "Dordogne", steamer affrété à l'année (avril), le but étant de réduire la disproportion entre l'abondance du fret de Hambourg au Havre et sa rareté de là à Bordeaux ; deuxième commande de charbon de la Peninsular & Oriental Cy (mars) requérant l'envoi de 15 navires à Port-Saïd entre mai et juillet ; fournitures à la société de navigation à vapeur du Lloyd autrichien, de Trieste ; livraisons à divers moulins à vapeur et au gouvernement turc à Constantinople ; contrat avec le Chemin de fer des Charentes pour 275.000 traverses en pin des Landes (juillet). Poursuite des approvisionnements destinés à Borel Lavalley & Cie (août). Offre de services à la Compagnie bruxelloise des bateaux à vapeur entre Ostende, le Brésil et la Plata pour l'avitaillement de ses dépôts de Lisbonne, Rio de Janeiro, Montevideo, Dakar, etc. (septembre). Commande de 30.000 tonnes de charbon par le Chemin de fer d'Alexandrie (octobre). Manque de navires à affréter pour honorer les livraisons à Borel Lavalley & Cie (décembre).
1869
Arrêt éventuel du service Bordeaux-Rouen qui « donne de la perte » et menace la ligne Bordeaux-Le Havre-Hambourg (janvier-février). Livraison de charbon à Gibraltar (par l'intermédiaire de J. Burness & Sons), Lisbonne et Malte ; achat en Écosse du "Koh-I-Noor" (mars), rebaptisé "Suzanne" et attaché au port de Bordeaux, propriété d'H. Worms, ce vapeur doit servir au transport, de Bordeaux à la Rochelle, des traverses fabriquées à Barsac et destinées au Chemin de fer des Charentes. Proposition de rachat à la compagnie belge Hautermann du service Bordeaux-Anvers (avril) sur lequel le steamer "Marguerite" est essayé à la demande de G. Schacher. Marchés de 44.000 tonnes de charbon avec les Chemins de fer de l'Ouest et de 15.000 tonnes avec le Lloyd autrichien (mai-juin). Arrivée d'Éd. Rosseeuw en Égypte.
Fondation de la succursale de Port-Saïd (juin)
qui a pour objet les activités charbonnières, le transit, la consignation et les affaires de banque (causées par les mouvements de fonds dus au trafic). Marché de 50.000 traverses avec le PLM ; constitution d'un dépôt de 8.000 tonnes de charbon nécessaires à l'avitaillement des navires attendus pour les fêtes inaugurales du canal de Suez ; adjudication d'un lot de plus de 110.000 sabres d'infanterie (juillet). Publicité auprès des compagnies maritimes, des marines d'État européennes et jusqu'aux États-Unis en vue de faire connaître la Maison d'Égypte représentée à Londres et à Bombay par Geo & A. Herring & Co. (août). Expédition hebdomadaire d'un voilier chargé de charbon à Bombay par la succursale de Bordeaux.
Inauguration du canal de Suez sous la présidence de l'impératrice Eugénie (17 novembre)
Consignation de la flotte de Donald Mc Gregor à Port-Saïd, où Éd. Rosseeuw « ne sait absolument rien de ce qu'on peut faire », selon lui, « le canal est raté et la lutte impossible », défaitisme auquel H. Worms oppose sa certitude dans le succès de cette nouvelle voie ; acquisition par F. Mallet & Cie du steamer "Blanche", attaché au Havre ; achat par H. Worms du "Stella" (décembre), afin de renforcer les expéditions de Bordeaux et francisé sous le nom de "Marie" (janvier 1870).
1870
Demande à Geo & A Herring & Co. « d'avoir sous la main [à Londres] un employé qui puisse donner tout son temps aux soins que nécessitent les affaires de Port-Saïd » et prospecter les compagnies exploitant des lignes sur l'Inde et au-delà pour les fournir en charbon et consigner leurs vapeurs, ainsi l'armement Holt dont la succursale gagne la clientèle ; abandon par les Messageries de Suez au profit de Port-Saïd comme station de charbonnage (février). Venue d'H. Goudchaux à Paris ; à son retour vers Cardiff, il démarche, en Belgique et en Hollande, les armateurs ayant à transiter par le canal de Suez ; utilisation de steamers affrétés pour les transports sur Bombay (mars) ;
Inauguration de la ligne Bordeaux-Anvers par le steamer "Marie" (avril)
Déclaration de guerre de la France à la Prusse (19 juillet)
Affrètement par la Marine des trois navires "Marie", "Blanche" et "Emma" ; interruption des lignes de cabotage en direction du nord (juillet). Commandes par la Marine nationale à Cardiff, de 25.000 tonnes de charbon livrables à Cherbourg et Brest, de 10.000 à 15.000 tonnes à Toulon : H. Worms doit avancer les fonds, trouver et affréter les navires, organiser les déchargements (août). « Comme les événements se succèdent avec une effrayante rapidité et que Paris pourrait être investi », il décide d'installer son centre d'affaires au Havre pour pouvoir correspondre avec ses maisons d'Angleterre et ses représentants à Cherbourg, Brest et Toulon ; avant son départ, il laisse à son fils, Lucien, et à son gendre, Léon Franchetti, la poursuite des opérations dans la capitale. Fourniture de 2.000 tonnes de charbon à Port-Saïd pour la Marine (septembre). Mobilisation des steamers "Gabrielle", "Isabelle" et "Marguerite" pour des transports sur Dunkerque, Bordeaux ou Calais (décembre).
Emprisonnement de Napoléon III à Sedan (2 septembre), proclamation de la IIIème République
(4 septembre), siège de Paris par les Prussiens (20 septembre), organisation de la résistance
par Gambetta à Tours (7 octobre)
H. Worms est appelé au siège du gouvernement provisoire à Tours (décembre) ; sans nouvelles de lui et redoutant une attaque sur le Havre, l'un de ses proches, Élie Baudet, transfert la direction de la Maison à Bordeaux ; H. Worms l'y rejoint et apprend le décès de Léon Franchetti (6 décembre), commandant de l'escadron des Éclaireurs de la Seine, blessé par un éclat d'obus au cours de la bataille de Champigny.