1940.08.10.De Hypolite Worms.Vichy

Copie de lettre

H. Worms
Hôtel Majestic, Vichy le 10 août 1940

Mon cher ami,
Votre lettre du 3 août qui m'a fait grand plaisir, m'est parvenue ici à Vichy où je suis depuis huit jours, étant venu directement de Londres par Lisbonne, Madrid et Barcelone, après un voyage qui a duré quinze jours.
Je suis très content d'avoir des nouvelles de vous et je vous remercie d'avoir pensé à m'écrire.
Je suis ici pour rendre compte de ma mission et régler un certain nombre de questions rendues difficiles à la suite de la rupture des relations entre les deux gouvernements.
Depuis le 12 juin, j'ai été coupé de toutes communications avec le gouvernement français, ce qui m'a empêché de rendre compte de mon activité à Londres. J'ai du, en conséquence, prendre de graves responsabilités. Lorsqu'on m'aura donné quitus de ma gestion, je rentrerai à Paris et je pense que ce sera dans le courant de la semaine prochaine.
Il vous intéressera de savoir que le siège social de la Maison a rouvert à Paris, le 2 juillet. En dehors de Monsieur Barnaud, il y a là-bas Denis, Ladurie, Vignet ainsi que la plus grande partie du personnel. J'ai hâte de les retrouver. Monsieur Goudchaux reste à Bordeaux pendant encore quelques temps.
Votre poste vous attend boulevard Haussmann.
Vous pouvez parfaitement vous prévaloir de la reprise de vos occupations civiles et vous faire démobiliser en conséquence.
Je pense que cette lettre que je vous écris suffira pour assurer I'autorité militaire de votre région, que la Maison Worms vous reprendra avec joie des que vous serez démobilisé. Je vous conseille, ce jour-là, de vous rendre le plus rapidement possible à Paris, après avoir passé par l'endroit où votre famille se trouve et avoir eu la possibilité de voir votre femme et vos enfants.
Ladurie est venu passer vingt-quatre heures avec moi. Il est d'ailleurs reparti à Paris et j'attends, aujourd'hui, Monsieur Barnaud.
J'ai vu également le commandant Terrier, venu ici de Paris avec une délégation du Comité central des armateurs de France, pour négocier avec le ministère de la Marine marchande. Par lui, j'ai su que ce brave Denis est en parfaite santé.
Très amicalement à vous.

 
 

Retour aux archives de 1940